Le 30 avril 2025 à Washington, les États-Unis et l’Ukraine ont signé un accord économique d’envergure portant sur l’exploitation des ressources naturelles ukrainiennes. Cet accord, annoncé comme « historique » par le secrétaire américain au Trésor Scott Bessent, consacre la création d’un fonds d’investissement conjoint destiné à financer la reconstruction de l’Ukraine, tout en ouvrant l’accès de Washington aux vastes gisements de minéraux critiques du pays.
Cette signature met fin à des semaines de tensions et de négociations complexes, dans un climat de méfiance croissante entre les deux capitales. La version initiale du texte, rejetée en février dernier après une altercation entre les présidents Trump et Zelensky à la Maison Blanche, avait été jugée inéquitable par plusieurs députés ukrainiens.
Elle a été amendée pour garantir que l’Ukraine conserve « la pleine propriété et le contrôle » de ses ressources, selon la ministre de l’Économie Ioulia Svyrydenko.Malgré cette affirmation, les termes de l’accord octroient aux États-Unis un « accès préférentiel » aux futurs contrats d’exploitation du sous-sol ukrainien, notamment les terres rares, minerais stratégiques, pétrole et gaz.
Une priorité que Donald Trump a explicitement revendiquée en contrepartie de l’aide massive octroyée par les États-Unis depuis l’invasion russe de 2022.L’accord ne comporte cependant aucune clause de sécurité assurant la protection de l’Ukraine face à la Russie, un point que Kiev réclamait avec insistance. « Nous avons conclu un accord qui garantit notre argent et nous permet de commencer à creuser », a déclaré le président Trump, assumant une approche transactionnelle. Cette posture illustre la volonté de l’administration américaine actuelle de se désengager d’un rôle actif de médiateur dans le conflit.
Un contexte militaire et géopolitique toujours explosif
Cette avancée diplomatique survient alors que la guerre en Ukraine continue de faire rage. Des frappes russes ont récemment touché Odessa et Soumy, faisant plusieurs victimes civiles. Parallèlement, l’exercice militaire « Steadfast Dart 25 » de l’OTAN se tient en Roumanie, montrant la volonté européenne de rester vigilante face aux ambitions de Moscou.L’accord signé suscite également des inquiétudes en Europe. Certains experts, comme Thomas Gomart de l’IFRI, craignent qu’il n’entérine de facto l’annexion de la Crimée par la Russie et légitime sa stratégie expansionniste.
Le plan de paix américain envisagé, rejeté par Kiev, prévoit en effet la reconnaissance du contrôle russe sur 20 % du territoire ukrainien, exclut une future adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, et ne propose aucune garantie de sécurité concrète.Reste à savoir si cet accord, qui doit encore être ratifié par le Parlement ukrainien, permettra véritablement une relance de l’économie ukrainienne ou s’il marquera le début d’une nouvelle forme de tutelle, cette fois économique.
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