Le 12 mai prochain , le Bénin accueillera officiellement le retour du Kataclè du Dahomey, un tabouret royal à trois pieds, emblème de l’autorité monarchique du royaume de Dahomey. Retrouvée en Finlande après avoir été pillée durant la période coloniale, cette pièce précieuse rejoindra Cotonou grâce à une restitution organisée par le gouvernement finlandais.
La ministre de la Culture, Mari-Leena Talvitie, mènera la délégation, accompagnée d’hommes d’affaires finlandais, signe d’un renforcement des liens bilatéraux autour du patrimoine.Le Kataclè, 27ᵉ œuvre restituée depuis novembre 2021, incarne bien plus qu’un simple objet d’art. Symbole de pouvoir, ce siège royal était réservé au roi lors des cérémonies solennelles et symbolisait l’équilibre entre les ancêtres, le souverain et son peuple.
Sa restitution est ainsi perçue comme un acte de justice mémorielle, dans le cadre de la politique culturelle portée par le président Patrice Talon, visant à réparer les spoliations coloniales. « Cette restitution, c’est notre mémoire qui revient à la maison », confie Augustin Houénou, conservateur au musée historique d’Abomey. « Elle redonne chair à notre histoire et dignité à notre héritage. »
Une coopération diplomatique culturelle
La restitution s’accompagne d’un geste fort de la diplomatie finlandaise. Le choix d’envoyer une délégation officielle avec des acteurs économiques traduit une volonté d’ouverture culturelle et stratégique. Pour Helsinki, il s’agit de renforcer une diplomatie culturelle responsable, dans un contexte global où les appels à restituer les biens pillés se multiplient. »La Finlande souhaite envoyer un signal clair : la préservation du patrimoine mondial ne peut se faire sans justice », a déclaré Mari-Leena Talvitie avant son départ pour Cotonou.
Depuis 2021, le Bénin a récupéré plusieurs œuvres emblématiques, notamment des statues royales et objets sacrés issus des palais d’Abomey. Mais le chemin reste long : des centaines d’œuvres dorment encore dans les musées d’Europe. Le Kataclè représente un nouveau pas vers une réappropriation culturelle et une réconciliation historique.
Le 12 mai, ce ne sera pas seulement un tabouret royal que le Bénin récupère, mais un fragment d’âme, de fierté et de souveraineté trop longtemps arraché.
