Le Kenya vient de perdre l’une de ses plus grandes figures littéraires. Ngugi wa Thiong’o, écrivain engagé et voix majeure de la littérature africaine, est décédé mercredi aux États-Unis à l’âge de 87 ans. Auteur d’une trentaine d’ouvrages, entre romans, pièces de théâtre et essais, il laisse un héritage indélébile qui a profondément marqué la pensée politique et culturelle du Kenya.
Jamais lauréat du prix Nobel, bien qu’il ait souvent été cité parmi les favoris, Ngugi wa Thiong’o reste, aux yeux de beaucoup dans son pays, un véritable géant des lettres. Le président kényan William Ruto a rendu hommage à l’écrivain sur X : « Un géant des lettres. Toujours courageux, il a eu un impact indélébile sur la façon dont nous pensons à notre indépendance. »L’ancien leader de l’opposition Raila Odinga a salué « le départ d’un géant continental », tandis que le Premier ministre Musalia Mudavadi a affirmé que Ngugi wa Thiong’o « a illuminé l’âme de notre nation ».
Ngugi wa Thiong’o s’est illustré par son engagement sans faille contre la colonisation, mais aussi par sa critique virulente des dérives du régime post-colonial kényan. Il n’a jamais caché son désaccord avec le premier président Jomo Kenyatta, qu’il accusait d’avoir trahi les idéaux de l’indépendance. Par son œuvre et son combat, Ngugi wa Thiong’o a contribué à forger la conscience nationale kényane et à défendre la liberté à travers la littérature.
En encadré : Œuvres majeures de Ngugi wa Thiong’o
« Weep Not, Child » (1964)
Premier roman en anglais de Ngugi, il raconte l’histoire d’un jeune garçon kényan pendant la lutte pour l’indépendance.
« The Devil on the Cross » (1980)
Écrit en kikuyu, sa langue maternelle, ce roman critique la corruption post-coloniale au Kenya.
« A Grain of Wheat » (1967)
Une œuvre phare qui explore les tensions et sacrifices liés à la lutte pour l’indépendance.
« Petals of Blood » (1977)
Roman engagé dénonçant les inégalités sociales dans le Kenya post-indépendance.
« Decolonising the Mind » (1986)
Essai fondamental dans lequel Ngugi défend la langue africaine et la littérature comme moyens de résistance culturelle.
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