Le président français annonce une possible reconnaissance de l’État palestinien dès juin, alors que Tel-Aviv multiplie les critiques et intensifie l’expansion de ses colonies.
Le ton monte entre Paris et Tel-Aviv. Face à la guerre à Gaza et à une crise humanitaire sans précédent, le président Emmanuel Macron a annoncé que la France pourrait reconnaître officiellement l’État palestinien d’ici le mois de juin. Une décision qui placerait Paris en première ligne parmi les grandes puissances occidentales.
« On doit aller vers une reconnaissance [de l’État palestinien] et donc, dans les prochains mois, on ira », a déclaré le chef de l’État français, mardi 27 mai, sur le plateau de l’émission C à vous sur France 5. Il a précisé que cette reconnaissance pourrait intervenir lors d’une conférence internationale à l’ONU, organisée avec l’Arabie saoudite à New York.
L’objectif affiché par l’Élysée : engager un processus de reconnaissance réciproque, encourageant aussi certains États arabes à reconnaître Israël. Du côté israélien, la réaction a été immédiate et particulièrement virulente. Le ministère des Affaires étrangères a dénoncé ce qu’il qualifie de « croisade contre l’État juif ». Le président du Parlement israélien, Amir Ohana, a accusé la France d’« être du mauvais côté de l’histoire », estimant qu’une reconnaissance de l’État palestinien reviendrait à récompenser les responsables de l’attaque du 7 octobre.
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a tenu à envoyer un message encore plus explicite depuis une colonie de Cisjordanie :« Ils reconnaîtront un État palestinien sur le papier, et nous construirons ici l’État juif sur le terrain. » Emmanuel Macron, loin de reculer face aux critiques, a assumé sa position lors d’un déplacement à Singapour :« Si les Occidentaux abandonnent Gaza et laissent faire Israël, ils risquent de perdre toute crédibilité à l’égard du reste du monde. »
Le président français a également réaffirmé son soutien au plan arabe pour Gaza, préparé par l’Égypte. Ce plan prévoit la reconstruction de l’enclave sans déplacement de population, le retour de l’Autorité palestinienne – évincée en 2007 – et exclut tout rôle futur pour le Hamas. À l’opposé, Emmanuel Macron a rejeté le plan porté par Donald Trump, qui propose de transformer Gaza en zone économique :
« Gaza n’est pas un projet immobilier », a-t-il lancé.
La conférence internationale prévue à New York devrait se tenir à la mi-juin. Elle réunira plusieurs États membres de l’ONU et partenaires régionaux. Paris espère y obtenir un mouvement diplomatique coordonné de reconnaissance de la Palestine, tout en encourageant des avancées du côté arabe vers une normalisation avec Israël.À ce jour, environ 150 États reconnaissent déjà la Palestine, mais aucun des grands pays européens n’a encore franchi ce pas de façon officielle.
La position française pourrait ainsi marquer un tournant historique, tout en provoquant de vives tensions avec le gouvernement de Benjamin Netanyahou, résolument hostile à toute solution à deux États.
Le terrain, lui, reste à feu et à sang
Alors que les tractations diplomatiques s’intensifient, la situation dans la bande de Gaza demeure dramatique. L’armée israélienne continue ses opérations militaires. Plus de 54 000 Palestiniens, majoritairement civils, ont été tués selon les autorités locales, et 100 % de la population gazaouie est menacée de famine, alerte l’ONU.
Dans le même temps, Israël multiplie l’extension de ses colonies en Cisjordanie, au mépris des résolutions internationales. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a rappelé que ces constructions étaient « illégales » et représentaient « un obstacle majeur à la paix ».
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