Alors que le Sénégal vient tout juste d’entrer dans l’ère de l’exploitation pétrolière, une question alimente la colère des citoyens : pourquoi le prix du carburant reste-t-il aussi élevé ? À 990 francs CFA le litre, l’essence sénégalaise est la plus chère d’Afrique de l’Ouest. Une contradiction flagrante dans un pays désormais producteur de pétrole.Dans les rues de Dakar, la frustration est palpable.
Chaque passage à la pompe devient une épreuve pour les automobilistes et les professionnels du transport. Le prix est fixé par l’État, mais pour beaucoup, il n’a plus de justification économique.Avec le lancement de l’exploitation du pétrole offshore en juin 2024, les attentes étaient grandes. Nombreux sont les Sénégalais qui espéraient que cette nouvelle richesse nationale entraînerait une baisse des prix à la pompe.
Mais un an plus tard, aucune réduction, aucune répercussion. Pire : le carburant reste plus cher qu’au Mali ou en Côte d’Ivoire, où le prix a pourtant été ajusté à la baisse.
Une promesse trahie
Le secteur du transport tire la sonnette d’alarme. Les syndicats ont réclamé une rencontre avec les autorités et menacent de déclencher une grève si rien ne change. Ils dénoncent une situation injuste et intenable, d’autant plus que le prix mondial du pétrole a chuté de 20 % depuis le début de l’année — sans effet sur les tarifs pratiqués au Sénégal.
Mamadou Ndiaye, gestionnaire d’une coopérative de camions, résume la situation : « Nos chauffeurs préfèrent faire le plein au Mali. Là-bas, c’est 20 % moins cher. » Pour un trajet nécessitant 1 100 litres, le calcul est vite fait. Résultat : une perte de revenus pour l’État sénégalais… et une exaspération qui grimpe.Certains experts pointent du doigt la fiscalité comme principal frein à une baisse des prix.
Les taxes appliquées sur les produits pétroliers seraient trop élevées. Mais jusqu’à présent, aucune explication officielle n’a été donnée. Le silence du gouvernement, malgré les sollicitations des médias, nourrit la suspicion.
L’or noir, censé transformer l’économie sénégalaise, devient paradoxalement un facteur d’instabilité sociale. Pour beaucoup, la manne pétrolière ne profite pas au peuple. Le pouvoir d’achat s’effondre, les prix grimpent, et le sentiment d’abandon grandit.
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