Une enquête conjointe menée par Forbidden Stories, Le Monde et plusieurs médias partenaires dévoile l’ampleur des exactions commises par le groupe paramilitaire russe Wagner au Mali. Pendant plus de trois ans, ce groupe privé a arbitrairement arrêté, séquestré, torturé et tué plusieurs centaines de civils maliens, dans des camps militaires transformés en prisons secrètes.
Les victimes racontent des sévices inimaginables : coups de bâtons et de câbles électriques, simulations de noyade, brûlures et autres formes de torture physique et psychologique. L’une d’elles, nommée Wangrin, décrit une violence extrême, « comme s’ils battaient des chiens », avec de la musique à fond pour couvrir les cris.
Au moins six bases militaires maliennes dont Bapho, Kidal, Nampala, Niafounké, Sévaré et Sofara auraient servi à la détention et à la torture de civils. Les prisonniers y étaient souvent enfermés dans des conteneurs métalliques insalubres, d’anciens équipements utilisés auparavant par la mission onusienne Minusma.Parmi les atrocités, l’enquête rappelle le massacre de Moura en 2022, où au moins 500 civils, femmes et enfants compris, ont été tués lors d’une opération conjointe entre Wagner et l’armée malienne, selon l’ONU.
Pillages et rançons
Faute de rémunérations régulières par le régime militaire malien, Wagner s’est financé par des pillages et des kidnappings contre rançons, parfois jusqu’à 5 millions de francs CFA (7 600 euros) par personne.Le groupe Wagner a officiellement quitté le Mali le 6 juin 2025.
Ce retrait fait suite au décès de son chef Evgueni Prigojine en août 2023 et à plusieurs défaites militaires, notamment en juillet 2024 contre des groupes armés touaregs. Pour beaucoup, le départ de Wagner ne signifie pas la fin de la présence militaire russe au Mali. Le groupe Africa Corps, affilié au ministère russe de la Défense, a pris la relève, avec une mission davantage diplomatique et stratégique.
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