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Mines congolaises : Kinshasa confie la sécurité à un ex-militaire américain

L’ex-fondateur de la controversée armée privée Blackwater, Erik Prince, revient sur le devant de la scène. Selon les révélations conjointes de Reuters et du média Africa Intelligence, le milliardaire américain a récemment conclu un partenariat avec les autorités de la République démocratique du Congo (RDC).

Objectif : sécuriser les sites miniers, forestiers et pétroliers de l’Est du pays, une région en proie à une instabilité chronique alimentée par la présence de groupes armés comme le M23.

Ancien membre des forces spéciales de la marine américaine, Erik Prince a fondé Blackwater, tristement célèbre pour son rôle lors de la guerre en Irak. Son nom reste associé à un massacre commis par ses agents à Bagdad en 2007, au cours duquel 14 civils furent tués. Malgré leur condamnation, les responsables ont été graciés par Donald Trump, dont Prince est un allié de longue date.

Depuis la revente de Blackwater, rebaptisée Academi, il a lancé en 2014 la société Frontier Services Group (FSG), spécialisée dans la logistique et la sécurité. Basée à Hong Kong et soutenue par des capitaux chinois, FSG est déjà présente depuis une décennie en RDC.Le contrat signé fin 2024 entre Erik Prince et le ministre des Finances congolais, Doudou Fwamba Likunde, va bien au-delà de la simple sécurisation.

Il prévoit également la collecte des taxes minières et la lutte contre la contrebande, notamment dans la région du Katanga, stratégique pour ses immenses réserves de cuivre et de cobalt.Une source proche du gouvernement congolais évoque une perte de 40 millions de dollars par mois due à la contrebande dans cette région frontalière avec la Zambie. L’État congolais espère ainsi renforcer son contrôle sur les ressources naturelles, trop souvent accaparées illégalement ou au profit de groupes armés.

Des mercenaires pour protéger les mines ?

Selon Africa Intelligence, des anciens de la Légion étrangère feraient partie du personnel de sécurité en cours de recrutement. Leur déploiement est prévu dans le sud du pays, loin des zones les plus sensibles contrôlées par le M23, pour éviter toute confrontation directe.

Mais ce partenariat soulève des questions éthiques et politiques. Car si la sécurité des sites et la collecte fiscale sont cruciales pour la RDC, la méthode Prince fondée sur la privatisation de la guerre et le recours à des mercenaires – suscite une vive inquiétude chez certains observateurs. D’autant plus que peu de détails ont été fournis sur les mesures anti-corruption, alors que ce fléau mine depuis longtemps le secteur extractif congolais.

Au-delà de l’enjeu sécuritaire, ce partenariat pourrait aussi servir les intérêts géopolitiques américains. La RDC est au cœur d’une lutte d’influence entre puissances étrangères, et notamment entre la Chine et les États-Unis. Erik Prince, proche de Donald Trump, incarne une volonté affichée par l’ancien président américain : contrer la domination chinoise sur les métaux critiques indispensables à la transition énergétique mondiale.

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