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« Une noire n’a rien à faire à ce poste » : Quand le racisme s’invite au sommet de la République

Nadège Abomangoli, vice-présidente de l’Assemblée nationale et députée La France insoumise (LFI), a révélé vendredi 11 juillet avoir reçu un courrier raciste et profondément haineux. Publiée sur le réseau social X (ex-Twitter), la lettre signée d’un certain « M. Jourdain » s’en prend à son statut d’élue et à sa couleur de peau dans des termes qui ont choqué jusque dans les plus hautes sphères politiques.

« Une noire n’a rien à faire à ce poste », écrit notamment l’auteur, qualifiant la députée d’« erreur de casting ». Il revendique fièrement être un « homme blanc » et estime que son propre nom de famille aurait « plus de mérite » pour occuper la fonction de vice-président de l’Assemblée nationale.Dans ce courrier aux relents ouvertement colonialistes, « M. Jourdain » poursuit :« Le décolonialisme ne vous rend pas légitime. Partez.

Vous n’avez pas votre place ici. Ni ailleurs. » Face à cette attaque raciste, Nadège Abomangoli a répondu avec force sur les réseaux sociaux : « Une femme noire au perchoir de l’Assemblée, c’est voir leur hiérarchie sexiste et raciste, ainsi que leurs privilèges s’effondrer. »Elle dénonce une banalisation inquiétante des discours de haine :« Dans la France d’aujourd’hui, les racistes expriment sans complexe leur nostalgie de l’esclavage et de la colonisation, leur haine de nos personnes et de notre réussite. »

Et de conclure :« Ils croient nous humilier, nous intimider, nous faire peur. Ils se trompent. »Les réactions de soutien n’ont pas tardé. La cheffe des députés LFI, Mathilde Panot, a salué la résistance de sa collègue :« N’en déplaise aux racistes, nous sommes immensément fiers que la première femme noire à présider l’Assemblée soit une insoumise et une antiraciste. »

La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a également condamné avec fermeté cette attaque :« Le racisme n’a pas sa place dans notre République. ».Ce nouvel épisode vient s’ajouter à une liste déjà longue d’élus visés par des propos racistes. En 2022, le député LFI Carlos Martens Bilongo avait fait état de centaines d’insultes racistes reçues par mail après une intervention à l’Assemblée au cours de laquelle le député RN Grégoire de Fournas avait crié : « Qu’il retourne en Afrique ».

Chiffres alarmants

En 2023, la députée Horizons Naïma Moutchou avait, elle aussi, porté plainte après avoir reçu un courriel contenant une photo de singe, une corde de pendu et un doigt d’honneur.Les chiffres officiels viennent confirmer cette inquiétante tendance. En 2024, la France a enregistré 9.400 crimes et délits à caractère raciste, soit une hausse de 11 % par rapport à 2023, selon les données du ministère de l’Intérieur. Les élus issus des minorités sont particulièrement ciblés, à la fois dans leur exercice politique et dans l’espace numérique.

Si la haine s’exprime aujourd’hui avec de moins en moins de retenue, la mobilisation contre le racisme dans les institutions reste cruciale. Nadège Abomangoli, en première ligne, entend continuer à siéger et à représenter :« Notre présence est une victoire. Leur violence, la preuve qu’ils perdent du terrain. »

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