De général putschiste à président démocratiquement élu, Muhammadu Buhari a marqué l’histoire politique du Nigeria sur quatre décennies. Mort ce dimanche à 82 ans, l’ancien chef d’État laisse un héritage contrasté, entre lutte anticorruption, autoritarisme assumé et combat inachevé contre l’insécurité.
Le Nigeria tourne une page importante de son histoire. Muhammadu Buhari, ancien président est décédé ce dimanche à Londres, à l’âge de 82 ans, où il suivait un traitement médical depuis plusieurs semaines.Chef d’État à deux reprises – d’abord militaire en 1983, puis élu démocratiquement en 2015 – Buhari aura incarné les contrastes d’un pays géant, tiraillé entre aspirations démocratiques, instabilité sécuritaire et crises économiques.
Le 31 décembre 1983, Muhammadu Buhari s’empare du pouvoir par un coup d’État militaire, promettant de restaurer la discipline et la rigueur dans la gestion publique. Son régime est autoritaire : répression, censure, arrestations arbitraires. Mais il ne dure que 20 mois, renversé en 1985 par un autre coup.Trois décennies plus tard, Buhari revient par les urnes. En 2015, il devient le premier opposant à battre un président sortant lors d’une élection. Porté par une campagne centrée sur la lutte contre la corruption et la sécurité, il est réélu en 2019 pour un second mandat.
S’il a marqué des points dans la lutte contre Boko Haram, la menace terroriste n’a jamais disparu. Son mandat a également été fragilisé par une récession économique, liée à la chute des prix du pétrole, et des tensions sociales croissantes.
Un bilan contrasté
Son style de gouvernance a souvent été qualifié de rigide, voire autoritaire, notamment face aux médias et à la société civile. Ses longues absences médicales à l’étranger ont aussi suscité de nombreuses critiques au sein de l’opinion publique.L’actuel président Bola Tinubu a exprimé sa « profonde tristesse » et ordonné la mise en berne des drapeaux. Le vice-président a été chargé de rapatrier le corps.
La Chine a rendu hommage à un « dirigeant distingué », saluant sa contribution aux relations sino-nigérianes. En Afrique de l’Ouest, le président sierra-léonais Julius Maada Bio a évoqué une « perte dévastatrice pour la région », tandis que le président de la Commission de l’Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf, a salué « un panafricaniste engagé » et « défenseur de la paix et de l’intégration régionale ».Muhammadu Buhari restera une figure controversée mais incontournable de la vie politique nigériane.
À la fois symbole de rigueur militaire et acteur de la démocratie électorale, il laisse derrière lui un pays toujours confronté aux mêmes défis : insécurité, corruption, pauvreté et fragilité institutionnelle.
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