Après le Soudan du Sud et l’Eswatini, le Rwanda devient le troisième pays africain à signer un accord avec les États-Unis pour accueillir des migrants expulsés du territoire américain. L’accord, conclu en juin à Kigali mais révélé ce mardi par l’agence de presse Reuters, permet à Washington de transférer jusqu’à 250 personnes, sous certaines conditions strictes.Pour Yolande Makolo, porte-parole du gouvernement rwandais, cet accord reflète les valeurs d’un pays marqué par l’histoire du déplacement forcé :
« Presque toutes les familles rwandaises ont connu les difficultés du déplacement. Nos valeurs sociétales reposent sur la réintégration et la réhabilitation. »Les migrants retenus bénéficieront, selon Kigali, d’une formation professionnelle, de soins de santé et d’une aide au logement pour faciliter leur intégration dans un pays qui affiche l’une des croissances économiques les plus dynamiques d’Afrique depuis une décennie. L’accord rwandais s’inscrit dans une stratégie plus large de l’administration Trump visant à expulser des migrants vers des pays tiers, souvent sans lien avec leur origine.
Ce mécanisme a déjà été appliqué au Soudan du Sud et à l’Eswatini, où plusieurs personnes venues de pays aussi divers que le Vietnam, Cuba, le Yémen ou la Jamaïque ont été expulsées.Les organisations de défense des droits humains dénoncent une politique « cruelle et dangereuse », qui expose les migrants à des violences, les éloigne de leurs communautés et les prive de recours juridiques dans leur pays d’origine.
L’exemple britannique et le précédent raté
Cet accord rappelle celui signé entre le Royaume-Uni et le Rwanda, annulé en 2024 après une décision de la Cour suprême britannique, qui l’a jugé illégal au motif qu’il exposait les personnes à un risque réel de mauvais traitements. Le nouveau Premier ministre britannique, Keir Starmer, avait déclaré dès son arrivée au pouvoir que cet accord était « mort et enterré », sans que les 240 millions de livres sterling déjà versés à Kigali ne soient récupérés.
Ce nouvel accord avec Washington intervient alors que le Rwanda fait face à de nombreuses critiques internationales, tant sur son bilan en matière de droits humains que sur son implication militaire dans l’est de la République démocratique du Congo, aux côtés du groupe armé M23. L’ONU a récemment accusé l’armée rwandaise d’avoir joué un « rôle déterminant » dans les offensives du M23, qui a conquis plusieurs villes stratégiques au début de l’année 2025.
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