Le contenu des négociations reste flou, mais les inquiétudes sont bien réelles. Dans une lettre adressée à Donald Trump, 52 élus démocrates s’alarment du manque de transparence autour d’un accord sur les minerais critiques entre Washington et Kinshasa. Ils appellent à un meilleur contrôle du Congrès, à des garanties éthiques, et à l’exclusion de toute influence privée susceptible de fausser le processus.
Ces parlementaires représentent environ un quart du caucus démocrate à la Chambre des représentants. Ils proviennent de commissions sensibles : commerce, affaires étrangères, environnement, travail et droits humains. Parmi eux, Linda Sánchez, responsable du groupe démocrate sur le commerce extérieur, et Alexandria Ocasio-Cortez.Les élus critiquent l’absence de consultation formelle du Congrès, alors même qu’un accord stratégique est en cours de négociation avec la RDC.
Ce dernier viserait l’exploitation de ressources essentielles à la transition énergétique, comme le cobalt, le lithium ou le coltan, très présents dans le sous-sol congolais.
La lettre demande la fin de l’opacité autour de ce partenariat et appelle à respecter les engagements américains en matière de droits humains, de gouvernance minière responsable et de développement durable.
Un enjeu géopolitique
La République démocratique du Congo détient plus de 60 % des réserves mondiales de cobalt, un composant clé pour les batteries électriques. Dans le contexte d’une rivalité technologique accrue entre grandes puissances, les États-Unis veulent sécuriser leurs approvisionnements. Mais cette ambition ne peut ignorer les fragilités du contexte congolais : instabilité sécuritaire, corruption, exploitation minière artisanale, et violations des droits humains.
Les pressions exercées par le gouvernement congolais, l’opposition, les lobbyistes et les investisseurs étrangers complexifient encore les négociations. La lettre va plus loin en soulevant des suspicions de conflit d’intérêts. Les signataires pointent l’implication supposée de Gentry Beach, homme d’affaires texan proche de Donald Trump, dans un consortium privé qui viserait à obtenir les droits d’exploitation de la mine de coltan de Rubaya, située au Nord-Kivu (est de la RDC).
La crainte : que des intérêts privés influencent la stratégie américaine sur un secteur aussi sensible que celui des minerais critiques.Mais à ce jour, aucun accord formel n’a été rendu public. Des engagements préliminaires ont toutefois été noués avec certaines sociétés, notamment KoBold Metals, une entreprise américaine spécialisée dans l’exploration minière utilisant l’intelligence artificielle.
Les élus démocrates demandent un cadre clair et démocratique, qui implique le Congrès dans la validation des accords et impose des normes de transparence et de responsabilité.
Ils souhaitent également que les populations locales bénéficient directement des retombées économiques, et que la RDC puisse tirer parti de ses ressources sans sacrifier ses droits sociaux ni son environnement.
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