Sénégal : Sonko s’attaque aux fortunes suspectes des hauts fonctionnaires
« Un fonctionnaire ne peut pas être milliardaire » : cette phrase-choc prononcée par le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko le 4 août dernier continue de faire des vagues dans un pays en pleine tourmente budgétaire. Face à un déficit record et à une dette cachée de 13 milliards de dollars, la question de l’enrichissement illicite au sein de la fonction publique revient avec acuité.C’est lors de la réception officielle de l’Agenda national de transformation du service public, à Dakar, que le Premier ministre Ousmane Sonko a dénoncé ce qu’il qualifie d’« étalage indécent de richesse » par certains hauts fonctionnaires.
Il promet une guerre sans merci contre les multimillionnaires et milliardaires de l’administration publique. Pour lui, l’équation est simple : « On ne devient pas milliardaire en étant fonctionnaire ».Ce sentiment est partagé par une partie de la classe politique. En 2023, Cheikh Bamba Dièye, ancien ministre et candidat à la présidentielle, affirmait que « 300 milliardaires sont des fonctionnaires », en ajoutant : « Les banques les connaissent ».
Les mécanismes de l’enrichissement illicite
Le déficit budgétaire pour 2024 s’élève à plus de 14 % du PIB, contre une prévision de 4,9 %. Selon le gouvernement, 8,3 milliards de dollars sont nécessaires en urgence pour boucler le budget de l’année.Selon plusieurs experts, les canaux d’enrichissement illicite sont bien identifiés : gestion opaque du foncier, distribution de fonds communs dans les régies financières, corruption dans les marchés publics, ou encore concussions diverses.
Pourtant, les poursuites sont rares et les institutions de contrôle peu efficaces.En 2016 déjà, une étude soulignait que les Sénégalais restaient très insatisfaits de la lutte contre la corruption. En 2025, les attentes restent élevées.Malgré ce sombre tableau, des signaux encourageants émergent.
Selon une enquête d’Afrobarometer publiée en juin 2025, plus de 50 % des Sénégalais estiment que la corruption a diminué dans les 12 derniers mois. Et 69 % approuvent les actions du nouveau gouvernement contre ce fléau. Plusieurs anciens ministres du régime Macky Sall sont visés par des enquêtes, tandis que le Pôle judiciaire et financier a été activé.
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