Et si les forêts devenaient des sources de revenus ? Le Bénin explore les marchés carbone pour financer sa transition verte, avec l’ambition de transformer ses atouts naturels en actifs économiques durables.
Forêts, agriculture, énergie, déchets… autant de secteurs clés pour le Bénin, qui ambitionne de valoriser ses ressources naturelles via les marchés carbone. Les 2 et 3 octobre 2025, un atelier à Cotonou a réuni acteurs publics et privés pour explorer les mécanismes de cette transition verte.Organisée par la BOAD, l’Alliance ouest-africaine pour les marchés carbone, la CDCB (Caisse des dépôts et consignations du Bénin) et la SIPI Bénin, cette rencontre visait à impliquer davantage les entreprises béninoises dans ce mécanisme innovant de financement climatique.
Selon Maryse Lokossou, directrice générale de la CDCB, « il s’agit d’apprendre, de comprendre et surtout d’expérimenter » comment transformer les crédits carbone en outils de croissance pour le secteur privé local.Avec plus de 4 millions d’hectares de forêts et de terres agricoles éligibles, le Bénin dispose d’un potentiel réel. À l’échelle mondiale, le marché du carbone est estimé à 949 milliards de dollars en 2023. Le pays entend s’y positionner grâce à une meilleure structuration de ses projets et une implication active du privé.
Des freins pour aller à l’économie verte
L’atelier a permis d’identifier plusieurs projets pilotes. Parmi eux, Bénin Cajou, dans la zone industrielle de Glo‑Djigbé, pourrait générer 300 000 tonnes de crédits carbone en dix ans grâce à la valorisation des coques de cajou.
Des retours d’expériences africaines ont également été partagés, comme celui de Sonaged au Sénégal, dans la gestion des déchets et la génération de crédits carbone.Le pays a déjà pris des mesures réglementaires. En 2022, deux décrets encadrant les projets carbone forestiers et agricoles ont été adoptés. Une Autorité nationale d’enregistrement des projets carbone (AEPC) a aussi été mise en place pour garantir la transparence et l’alignement aux standards internationaux.Malgré les avancées, plusieurs défis restent à relever :
Un manque de compétences techniques sur le suivi, la vérification et le reporting (MRV)
Des projets insuffisamment structurés pour le long terme
La nécessité d’un cadre clair pour protéger les communautés locales et répartir équitablement les bénéficesLe Bénin espère que cette dynamique débouche sur une stratégie nationale de finance carbone, alliant croissance économique, justice sociale et protection de l’environnement. Si les conditions sont réunies, ses forêts pourraient devenir bien plus qu’un patrimoine naturel : un actif financier durable.
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