L’Ouganda s’apprête à devenir un pays producteur de pétrole, avec une première production commerciale attendue dès 2026 dans la région Albertine. Ce projet d’envergure, porté par l’Autorité pétrolière ougandaise (PAU), se traduit notamment par la construction d’un oléoduc de 1 443 kilomètres reliant les gisements du lac Albert au port de Tanga, en Tanzanie, pour un investissement estimé à 5 milliards de dollars.
Si le gouvernement souligne son engagement pour une approche durable, la réalité sur le terrain soulève des inquiétudes majeures. Plus de 100 000 personnes ont déjà été déplacées ou relogées pour faire place aux infrastructures, impactant notamment le parc naturel de Murchison Falls, un site précieux pour la biodiversité. Jacinta Akatukunda, agricultrice relogée, témoigne de ce bouleversement : « Il était difficile de quitter notre maison, mais avec la compensation, nous avons pu acheter de plus grandes terres. Nous espérons produire et reconstruire notre avenir ».
Sur le plan économique, les réserves pétrolières de l’Ouganda sont estimées à 6,5 milliards de barils. Pourtant, les coûts d’extraction sont élevés, dépassant 22 dollars le baril.L’Ouganda a d’ailleurs repoussé son objectif zéro émission nette à 2062, en décalage avec les engagements mondiaux.Face à ce chantier colossal, ONG et experts environnementaux tirent la sonnette d’alarme sur les risques écologiques et sociaux, alors que l’Ouganda tente de concilier ambitions économiques et impératifs durables.