Depuis quelques semaines, plusieurs localités du pays, notamment Parakou, Nikki, Savè et Ouèssè sont le théâtre d’une série de déclarations publiques présentées comme des messages de “sages” adressés à la Cour constitutionnelle.
Ces interventions, largement relayées sur les réseaux sociaux, appellent les juges à “rendre justice” en faveur du parti LD.
Mais selon plusieurs témoignages recueillis sur le terrain, ces messages seraient loin d’être spontanés.
Des militants présentés comme des sages
Dans plusieurs communes, les visages de ceux qu’on présente comme des “anciens” ou des “notables” ne sont pas inconnus du paysage politique local.
Plusieurs d’entre eux sont en réalité des membres actifs du parti LD, parfois même identifiés comme responsables de sections communales ou militants connus dans leur zone.
Leur discours, souvent identique d’une ville à l’autre, laisse penser à une opération coordonnée depuis le sommet du parti, avec pour objectif de créer une impression de mobilisation populaire.
Fait révélateur : ces déclarations sont relayées par certains canaux officiels du parti LD, y compris sur les pages personnelles ou officielles de plusieurs responsables politiques.
Cette diffusion organisée montre clairement que ces initiatives locales ne relèvent pas d’une démarche citoyenne indépendante, mais bien d’une stratégie de communication interne portée par l’appareil du parti lui-même.
“Ce sont les mêmes phrases, les mêmes arguments, et parfois même les mêmes vidéos qu’on retrouve sur les comptes officiels du parti”, souligne un observateur local à Parakou. “Ce n’est pas une parole libre, c’est une communication déguisée.”
Une tentative d’influence sur la Cour constitutionnelle
Pour plusieurs analystes, cette démarche s’apparente à une campagne d’influence indirecte visant la Cour constitutionnelle.
En multipliant ces déclarations publiques et en les relayant via leurs canaux officiels, les dirigeants du LD chercheraient à façonner un climat d’opinion favorable et à faire pression sur les juges constitutionnels.
Une pratique jugée contraire à l’esprit de la démocratie, où les décisions de justice doivent se fonder uniquement sur le droit, et non sur des opérations de communication politique.
“Les institutions doivent être respectées. Ce n’est pas en manipulant la parole des sages qu’on renforce la démocratie”, estime un acteur de la société civile de Nikki.
Une vigilance citoyenne nécessaire
Cette affaire suscite de plus en plus de réactions dans le Borgou et les Collines.
Des jeunes leaders communautaires appellent à la vigilance face aux manipulations politiques et à la préservation du rôle des véritables sages, garants de la paix et de la cohésion sociale.
“Chez nous, la parole d’un sage a du poids. Mais quand on l’utilise pour des calculs politiques, elle perd toute valeur”, confie un habitant de Bembéréké.
Un message clair : la politique ne doit pas instrumentaliser la sagesse populaire pour servir des intérêts partisans.
Préserver la neutralité des institutions
Alors que la Cour constitutionnelle poursuit sereinement son travail, la société civile invite les partis politiques à respecter l’indépendance de la justice.
La crédibilité de nos institutions repose sur la confiance et l’intégrité.
Les manipulations, elles, ne font que l’éroder.
Le message de fond reste le même : dans un État de droit, la vérité du droit ne se dicte pas dans les discours, mais se décide dans la justice.