Le PPA-CI, parti de Laurent Gbagbo, dénonce l’arrestation de son cadre Damana Adia Pickass, accusé d’avoir appelé à l’insurrection. Une affaire qui ravive les tensions politiques à Abidjan peu avant la présidentielle.
Le Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI), fondé par Laurent Gbagbo, a condamné avec force l’arrestation, mardi 4 novembre, de Damana Adia Pickass, un de ses plus hauts responsables. Celui-ci occupe le poste de second vice-président du Conseil stratégique et politique du parti et est également le coordonnateur général du Front Commun, plateforme qui réunit le PPA-CI et le PDCI. Le PPA-CI parle d’une « arrestation arbitraire » et accuse le pouvoir de vouloir museler l’opposition. « Il ne se passe pas un jour sans que des cadres du PPA-CI ne soient l’objet de poursuites, d’interpellations ou de mises sous contrôle judiciaire », déplore Jean-Gervais Tcheïdé, secrétaire général du parti. « Nous dénonçons cette utilisation des institutions de la justice pour intimider et faire taire le PPA-CI. »
Des appels à manifester au cœur de l’affaire
Selon le procureur de la République, Oumar Braman Koné, Damana Pickass est poursuivi pour « appels à l’insurrection populaire et au renversement des institutions ». La justice lui reproche des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, dans lesquelles il appelait à des marches quotidiennes après l’invalidation de plusieurs candidatures de l’opposition par le Conseil constitutionnel. Les autorités avaient pourtant interdit tout rassemblement public jusqu’à la mi-décembre, invoquant des risques de troubles à l’ordre public. Ce n’est pas la première fois que Damana Adia Pickass a affaire à la justice.
En début d’année 2025, il avait été condamné à dix ans de prison pour atteinte à la défense nationale, association de malfaiteurs et complot contre l’autorité de l’État.
Il était alors accusé d’avoir financé l’attaque du camp militaire d’Abobo en 2021.Les juges n’avaient toutefois pas ordonné son incarcération immédiate.
Face aux critiques du camp Gbagbo, le gouvernement ivoirien assure que le principe de séparation des pouvoirs est respecté.« Ce sont des justiciables face à la justice, et non des politiques », a déclaré Amadou Coulibaly, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.Selon lui, les poursuites engagées contre Damana Pickass ne relèvent pas d’un règlement de comptes politique, mais du strict respect de la loi.
Cette affaire intervient dans un contexte politique électrique.
Le Front Commun, alliance entre le PPA-CI et le PDCI, avait appelé à des manifestations pacifiques pour contester l’invalidation de ses candidats.L’arrestation de Damana Pickass pourrait désormais radicaliser davantage la base du parti et compliquer les appels au calme lancés par certains dirigeants de l’opposition.