Donald Trump a une nouvelle fois menacé le Nigeria d’une intervention militaire américaine, accusant le gouvernement d’inaction face aux violences islamistes. Une posture musclée qui provoque malaise et inquiétude dans toute l’Afrique de l’Ouest, alors que la Cédéao dénonce une dérive dangereuse.
Mercredi 5 novembre 2025, le président américain Donald Trump a réitéré ses menaces d’intervention militaire au Nigeria. Dans une vidéo diffusée sur sa plateforme Truth Social, il accuse le gouvernement d’Abuja de laisser les islamistes tuer les chrétiens “en toute impunité”.
« Agissez vite avant qu’il ne soit trop tard ! », a-t-il lancé, promettant une réponse “rapide, féroce et précise” si la situation ne change pas. « Les États-Unis feront des choses qui ne plairont pas du tout aux Nigérians », a-t-il ajouté, évoquant la possibilité d’une opération militaire directe. Ces propos surviennent après la réintégration du Nigeria sur la liste américaine des “pays particulièrement préoccupants en matière de liberté religieuse”, dont il avait été retiré en 2021.
Trois scénarios d’intervention à l’étude
Selon le New York Times, le Commandement militaire américain pour l’Afrique (Africom) aurait reçu des instructions préliminaires pour examiner plusieurs options.
Parmi elles : un partage accru de renseignements et un soutien logistique aux forces nigérianes ;
des frappes ciblées de drones contre des groupes jihadistes ;
voire un déploiement limité d’avions de chasse dans le golfe de Guinée.
Aucune décision n’a été officiellement annoncée, mais la simple perspective d’une action américaine fait craindre une nouvelle déstabilisation dans une Afrique de l’Ouest déjà sous pression. À Abuja, la réaction reste mesurée mais l’embarras est palpable. Le pays n’a plus d’ambassadeur à Washington depuis 2023, compliquant les échanges diplomatiques.
Quelques responsables ont toutefois dénoncé les “accusations erronées” de Washington, rappelant que les attaques terroristes visent indistinctement toutes les communautés religieuses.La Cédéao a, elle, condamné une “ingérence verbale dangereuse”, estimant que ces déclarations risquent d’alimenter les tensions interreligieuses dans la région.
Un discours à visée électorale
Pour plusieurs analystes américains, Donald Trump instrumentalise la question religieuse à des fins politiques internes. Confronté à un shutdown prolongé et à une série de revers électoraux locaux, il tente de mobiliser sa base conservatrice en se posant en défenseur des chrétiens persécutés.
Cette rhétorique s’inscrit dans une série d’attaques contre les pays africains : Trump a récemment qualifié l’Afrique du Sud de pays « indigne du G20 », affirmant qu’il boycotterait le sommet de Pretoria prévu fin novembre. Entre insécurité chronique, crises politiques et retrait des partenaires occidentaux, l’Afrique de l’Ouest reste une zone hautement fragile.
Les menaces de Trump risquent d’ajouter une dimension géopolitique explosive à une région déjà minée par les coups d’État et les offensives jihadistes.« Ce ton agressif ne fait qu’affaiblir la coopération et nourrir la méfiance envers les États-Unis », estime un diplomate ouest-africain à Abuja.
