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Carburant, écoles fermées, insécurité : Le Mali au bord de l’asphyxie

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont ordonné l’évacuation de leur personnel non-essentiel au Mali. Pénurie de carburant, blocus jihadiste et paralysie économique plongent Bamako dans une crise sans précédent.

Les États-Unis et le Royaume-Uni ont annoncé le retrait de leur personnel non-essentiel et de leurs familles du Mali, invoquant des « risques sécuritaires accrus ».

Le département d’État américain précise que cette mesure vise à protéger ses employés alors que la situation à Bamako devient « hautement imprévisible ». De son côté, le gouvernement britannique confirme que le personnel non-essentiel de l’ambassade à Bamako a été évacué temporairement.

Ces départs surviennent alors que la capitale malienne est quasiment paralysée par un blocus jihadiste qui empêche l’entrée du carburant sur le territoire.

Depuis septembre, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, revendique des attaques contre les convois de camions-citernes en provenance du Sénégal et de la Côte d’Ivoire.Ces assauts ont provoqué des morts, des enlèvements et l’incendie de plusieurs véhicules, malgré la présence d’escortes militaires.

Le blocus, selon le JNIM, serait une représaille à la décision du gouvernement malien d’interdire la vente informelle de carburant en jerricanes dans les zones rurales — une mesure destinée à tarir les ressources logistiques des groupes armés.

Mais cette riposte a eu un effet boomerang : Bamako, privée de livraisons, s’enfonce dans la pénurie. Les stations-service sont prises d’assaut, les transports à l’arrêt, et les prix flambent sur les marchés.

Pénurie, fermetures et économie en crise

Dans la capitale, les files d’attente s’allongent devant les rares stations encore approvisionnées. Les écoles et universités sont fermées, les entreprises tournent au ralenti, et les coupures d’électricité deviennent quotidiennes.La population, déjà éprouvée par des années d’instabilité, parle d’une asphyxie totale.« On ne peut plus se déplacer, on ne travaille plus. Même pour acheter à manger, c’est devenu un combat », témoigne Mariam, habitante de Bamako.

Les autorités maliennes affirment avoir déployé l’armée pour sécuriser les routes d’approvisionnement, mais les attaques persistent. Depuis 2012, le Mali est plongé dans une crise multidimensionnelle : rébellion armée, insécurité jihadiste, et instabilité politique marquée par deux coups d’État (2020 et 2021). La junte au pouvoir peine à contenir la menace, alors que les forces internationales ont quitté le pays.

Les États-Unis, le Royaume-Uni, mais aussi l’Allemagne, l’Italie, le Canada et l’Espagne ont tous recommandé à leurs ressortissants de quitter le Mali.Ce retrait diplomatique massif accentue l’isolement international de Bamako et fragilise davantage un pays déjà exsangue.À Bamako, les habitants oscillent entre angoisse et résilience. Les files d’attente devant les stations-service se transforment en scènes de tension, parfois de violence.

Les plus modestes, eux, s’organisent tant bien que mal, partageant carburant et nourriture.Pendant ce temps, le gouvernement tente de rassurer l’opinion, promettant une reprise progressive des livraisons. Mais sur le terrain, la réalité est implacable : le Mali suffoque sous le poids conjugué du blocus, de la pénurie et de l’insécurité.

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