Au Ghana, l’un des plus grands producteurs d’or au monde, les exploitations minières illégales, connues sous le nom de galamsey, se multiplient. Face à la crise économique, au chômage massif et à la baisse du pouvoir d’achat, des milliers de personnes s’y tournent comme moyen de survie rapide.
Mais cette ruée vers l’or a un coût écologique et humain considérable. Les rivières et les sols sont gravement contaminés par le mercure et le cyanure, utilisés dans le traitement artisanal du minerai. Comme Ankobra, de nombreux cours d’eau du pays sont devenus impropres à la consommation et à la pêche, menaçant la sécurité alimentaire des communautés rurales. La rivière Ankobra, autrefois claire et poissonneuse, est aujourd’hui méconnaissable.
Jema, un village en résistance
Dans la communauté de Jema, environ 15 000 habitants ont décidé de dire non au galamsey. Depuis 2015, un arrêté coutumier interdit toute activité minière sur les terres communautaires.
Pour faire respecter cette règle, les habitants ont créé la Jema Anti-Galamsey Advocacy (JAGA), une brigade citoyenne composée de quatorze volontaires.
Les membres de la JAGA patrouillent dans la forêt et surveillent les rivières pour détecter toute activité suspecte. En cas d’infraction, les contrevenants sont remis à la police. Une tâche à haut risque.Grâce à cette mobilisationrles rivières de Jema figurent aujourd’hui parmi les plus propres du Ghana. Pourtant, la tension reste vive dans un pays où près de 39 % des jeunes sont sans emploi. Pour beaucoup, le galamsey reste une bouée économique dans un contexte désespéré.
Selon le ministère des Terres et des Ressources naturelles, des mineurs illégaux sont actifs dans 44 des 288 réserves forestières du pays. En cinq ans, le Ghana aurait perdu plus de 11 milliards de dollars en or de contrebande, d’après un rapport de l’ONG suisse Swissaid