La révision constitutionnelle adoptée dans la nuit du 15 au 16 novembre 2025 continue de secouer la scène politique béninoise. Depuis l’annonce officielle des résultats 90 voix pour, 19 contre le parti Les Démocrates (LD) multiplie déclarations, accusations et mises en garde.
Entre dénonciation de coupures d’électricité, contestation de la version du texte soumis au vote et suspicion envers les scrutateurs, l’opposition tisse le récit d’un vote « illégal ». La majorité, elle, parle de « mise en scène » et de surenchère destinée à masquer un échec politique.
Au siège du parti à Cotonou, quelques heures seulement après l’adoption de la loi, les responsables du LD ont déroulé leur version des faits. Selon eux, le texte soumis au vote ne reprenait pas certaines modifications annoncées, en particulier celles liées aux réajustements de mandats.
Le député Habib Woroucoubou va plus loin, affirmant que des coupures d’électricité à des moments clés auraient compromis la crédibilité du scrutin :« Alors que nous étions presque à la fin du vote, une coupure d’électricité est soudainement intervenue », déclare-t-il, dénonçant un climat d’irrégularités généralisées.
Le LD estime que ces incidents auraient dû entraîner la suspension immédiate de la séance, et met en doute l’impartialité des deux scrutateurs, tous issus de la majorité parlementaire. Pour le groupe, le vote doit être purement et simplement annulé.
La majorité dénonce une fabrication de polémiques
Face aux accusations, la réaction d’Orden Alladatin, président de la Commission des lois, est sans ambiguïté. Invité sur plusieurs médias nationaux, le député de l’Union Progressiste le Renouveau (UPR) a sèchement rejeté les allégations du LD, parlant d’une stratégie bien calculée pour perturber l’opinion :
« Qu’est-ce que Les Démocrates ne vont pas inventer pour couvrir leur plaie… Pendant le dépouillement, il n’y a eu aucune coupure d’électricité », affirme-t-il.
La majorité reconnaît certes une erreur matérielle dans l’annonce du nombre de votants LD 18 au lieu de 19 mais insiste sur son caractère purement administratif. Pour Alladatin, l’opposition aurait exploité cette confusion pour créer un climat de tension artificielle. Une « mise en scène », selon ses termes, destinée à crédibiliser des accusations infondées.
Une stratégie de dramatisation
En multipliant les déclarations alarmistes, le parti Les Démocrates semble vouloir se positionner comme victime d’un processus verrouillé par le pouvoir. Entre les coupures de courant présentées comme suspectes, les « retouches manquantes » dans le texte et les doutes sur les scrutateurs, l’opposition construit la trame d’un vote truqué.
Mais pour plusieurs observateurs, la démarche ressemble davantage à une surenchère politique visant à affaiblir la portée de la réforme constitutionnelle, perçue comme un revers pour le LD. Une stratégie qui rappelle les tensions parlementaires de 2019, lorsque le parti avait déjà contesté sans succès une précédente révision.
Le parti LD promet de saisir « toutes les voies légales » pour contester le scrutin. Mais au regard des faits et de la législation en vigueur, l’action a toutes les chances d’être symbolique, plus politique que juridique.
Ce bras de fer révèle surtout une opposition en quête d’équilibre stratégique, oscillant entre dénonciation légitime et communication à outrance. Et pour la majorité, la multiplication de récits contradictoires ressemble de plus en plus à une tragi-comédie politique, où l’intox occupe autant de place que les faits.
