Un nouveau front judiciaire s’ouvre pour Apple. L’organisation américaine International Rights Advocates (IRAdvocates) a déposé à Washington une plainte accusant le géant technologique de s’approvisionner en minerais issus de zones de conflit en République démocratique du Congo (RDC) et au Rwanda, et d’alimenter indirectement un système marqué par le travail des enfants, le travail forcé et l’exploitation de mines contrôlées par des groupes armés.
Cette nouvelle action en justice survient après une première procédure intentée par IRAdvocates contre Apple et d’autres grandes entreprises technologiques, dont Tesla, au sujet de l’approvisionnement en cobalt. Cette affaire avait été rejetée par les tribunaux américains l’an dernier, tout comme les poursuites engagées en France par le Congo, faute de preuves suffisantes.
En Belgique, une plainte similaire reste toutefois en cours d’instruction.La nouvelle plainte déposée devant la Cour supérieure du district de Columbia accuse Apple de continuer à intégrer dans sa chaîne d’approvisionnement du cobalt, du tantale, de l’étain et du tungstène provenant de filières liées à des violations massives des droits humains dans l’est de la RDC.
Apple rejette “vigoureusement” les accusations
L’entreprise affirme avoir demandé en 2024 à ses fournisseurs de cesser tout approvisionnement en matières premières provenant de la RDC et du Rwanda, en raison de l’escalade du conflit dans la région.
La firme assure également que 99 % du cobalt utilisé dans les batteries qu’elle conçoit provient de sources recyclées, et que son code de conduite fournisseurs impose « les normes d’approvisionnement les plus strictes du secteur ».
Selon un porte-parole, les allégations d’IRAdvocates sont « sans fondement ».Apple rappelle par ailleurs qu’en décembre, elle avait déjà contesté l’idée que des fonderies de sa chaîne d’approvisionnement puissent financer des groupes armés.
Des fonderies chinoises dans le viseur
La plainte cite trois entreprises chinoises — Ningxia Orient, JiuJiang JinXin et Jiujiang Tanbre accusées d’avoir traité du coltan introduit clandestinement au Rwanda après avoir été extrait de mines congolaises contrôlées par des groupes armés.
IRAdvocates affirme s’appuyer sur des enquêtes de l’ONU et de Global Witness, ainsi que sur une étude de l’Université de Nottingham révélant la présence de travail forcé et de travail d’enfants sur des sites miniers liés à des fournisseurs d’Apple.La RDC fournit près de 70 % du cobalt mondial, un minerai essentiel pour les batteries de smartphones et de véhicules électriques.
Le pays est également l’un des principaux fournisseurs d’étain, de tantale et de tungstène. Les autorités congolaises affirment que les groupes armés de l’est du pays utilisent les profits tirés de ces minerais pour alimenter un conflit ayant fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. Face à cette situation, Kinshasa affirme avoir renforcé les contrôles, entraînant une baisse de l’offre mondiale