Depuis plusieurs jours, la plateforme CEA-Bénin, qui promettait des revenus quotidiens en échange du visionnage de vidéos publicitaires, traverse une crise profonde. Retraits bloqués, silence des administrateurs, membres exclus des groupes de discussion : les signaux d’alerte se multiplient et rappellent à certains l’épisode douloureux d’ICC Services, qui avait déjà secoué le pays il y a plus d’une décennie.
CEA-Bénin affirmait s’appuyer sur le modèle d’une supposée filiale d’une agence américaine centenaire, la Campbell Ewald Agency. Si cette entreprise existe réellement aux États-Unis et exerce dans le domaine de la communication, aucune information ne permet de confirmer un lien avec les activités menées au Bénin.Pour de nombreux observateurs, ce nom aurait joué un rôle déterminant dans la crédibilisation de la plateforme auprès du public.
Pour adhérer, les utilisateurs devaient verser une “caution” d’environ 30 000 FCFA. En retour, la plateforme promettait des gains journaliers en fonction du nombre de vidéos visionnées : environ 335 FCFA par vidéo, soit jusqu’à 24 000 FCFA par mois pour les nouveaux membres.
Les revenus pouvaient augmenter grâce au parrainage, un élément considéré par des spécialistes du numérique comme caractéristique des schémas pyramidaux : les gains des anciens sont financés par les dépôts des nouveaux adhérents. Lorsque les inscriptions ralentissent, le système devient incapable d’assurer les paiements.
Un blocage des retraits qui inquiète les adhérents
Depuis quelques jours, les utilisateurs affirment ne plus pouvoir retirer leur argent. Des messages circulent, promettant un retour “à la normale”, mais aucune preuve concrète n’a été fournie. Certains membres rapportent également avoir été exclus des groupes de discussion pour avoir exprimé leurs doutes.
Ces tensions renforcent la peur d’un effondrement total de la plateforme, alors que des milliers de personnes y ont investi leurs économies.Juristes et spécialistes du droit numérique rappellent que les promoteurs, relais locaux et personnes ayant activement recruté de nouveaux adhérents pourraient être interrogés par la justice si une fraude est avérée.
Ils recommandent aux victimes :
De conserver toutes les preuves d’inscription et de transactions.
De signaler individuellement les faits aux autorités compétentes.
D’éviter toute action violente ou extra-judiciaire, qui pourrait se retourner contre elles.
Un phénomène récurrent dans la sous-région
L’affaire CEA-Bénin intervient dans un contexte marqué par la prolifération de plateformes promettant des gains rapides. Malgré les précédents dont l’affaire ICC reste le plus marquant de nombreux citoyens continuent d’être attirés par ces solutions présentées comme des alternatives économiques.
L’effondrement présumé de CEA-Bénin relance le débat sur la nécessité de renforcer l’éducation financière, la sensibilisation du public et la surveillance des initiatives numériques non régulées