À l’UCAD, la tension est montée d’un cran ce mercredi 3 décembre. Les forces de l’ordre sont intervenues sur le campus pour disperser des étudiants mobilisés depuis deux semaines pour réclamer le versement de leurs bourses, parfois impayées depuis près d’un an. Plusieurs blessés sont signalés.
Des tirs de gaz lacrymogènes ont été effectués sur le campus de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, certains projectiles atteignant même des dortoirs étudiants, selon RFI. « Nous avons peur… Plusieurs étudiants sont actuellement blessés et les services médicaux ne parviennent pas à faire face à l’afflux de cas », témoigne un étudiant en troisième année de droit à Reuters.
Face à l’épais nuage de gaz, de nombreux étudiants ont quitté les lieux, certains bagages à la main. « C’est très difficile, certains sont asthmatiques ou souffrent de bronchite. Nous méritons que les autorités nous écoutent », confie une étudiante à RFI.
Les étudiants dénoncent des retards de paiement des bourses depuis plus d’un an et estiment que leurs manifestations pacifiques, organisées depuis treize mois, n’ont pas été entendues. Bien que le gouvernement ait annoncé le versement des deux derniers mois d’allocations, la colère reste vive.
Demba Ka, président d’une association étudiante, déplore : « Ce gouvernement sacrifie les jeunes qui se sont battus pour qu’ils deviennent les dirigeants de ce pays ! » Selon lui, l’envoi des forces de l’ordre sur le campus, qui comptait près de 90 000 étudiants en 2024, n’a fait qu’exacerber les tensions.
Cette crise survient dans un contexte économique fragile : le Sénégal fait face à un déficit budgétaire important et négocie actuellement avec le FMI un nouveau programme financier, après que la dette publique avait été minorée d’environ 7 milliards de dollars sous l’ancienne présidence. Dans ce climat, étudiants et partis d’opposition dénoncent le manque de réponses aux urgences sociales et éducatives.