L’atterrissage forcé d’un avion militaire nigérian au Burkina Faso, le 8 décembre, a provoqué une nouvelle poussée de tension entre Abuja et la Confédération des États du Sahel (AES). Alors que l’appareil, un C-130 de la Nigerian Air Force (NAF), reste immobilisé à Bobo-Dioulasso, les deux camps livrent des versions diamétralement opposées de l’incident.
Dans un communiqué publié mardi 9 décembre, la NAF a expliqué que son aéronef, engagé dans une mission de convoyage vers le Portugal, avait dû se poser en urgence à la suite d’« un problème technique détecté quelques minutes après son décollage de Lagos ».
Selon son porte-parole, le commodore Ehimen Ejodame, l’équipage a appliqué les « procédures de sécurité standard » en choisissant « l’aérodrome disponible le plus proche », en l’occurrence celui de Bobo-Dioulasso. Abuja insiste : aucune manœuvre hostile, aucun survol volontaire et non autorisé, seulement une urgence mécanique.
La NAF affirme également que les deux membres d’équipage et les neuf passagers, tous militaires, sont indemnes et ont été « accueillis dans de bonnes conditions » par les autorités burkinabè.
Les rumeurs évoquant une saisie de l’avion ou la détention d’officiers nigérians sont fermement démenties. Toujours selon Abuja, les préparatifs se poursuivent pour permettre au C-130 de reprendre sa mission une fois réparé.
L’AES, composée du Burkina Faso, du Mali et du Niger, maintient toutefois une position radicalement différente. Dans son propre communiqué, la Confédération dénonce une « violation de l’espace aérien confédéral », considérant que l’absence d’autorisation de survol constitue une atteinte directe à la souveraineté des États membres.
L’organisation indique avoir placé ses défenses aériennes en alerte maximale et prévient qu’elle se réserve désormais « le droit de neutraliser tout aéronef non autorisé ».Un simple atterrissage d’urgence, présenté comme un banal problème technique par le Nigeria, se transforme ainsi en crise politique, révélatrice d’une méfiance régionale grandissante.