La tentative de putsch du 7 décembre a surtout mis en évidence l’ampleur de la bataille informationnelle qui entoure désormais les crises politiques en Afrique de l’Ouest. Entre militaires en fuite, soutiens extérieurs et manipulation des réseaux sociaux, les autorités béninoises redoutent une déstabilisation durable, qui dépasse le seul champ militaire.
Selon les autorités, 100 à 200 militaires ont pris part à la tentative de coup d’État. Si plusieurs arrestations ont été opérées, les principaux meneurs, dont le lieutenant-colonel Pascal Tigri, restent recherchés et seraient en fuite dans des pays voisins, notamment le Togo ou le Burkina Faso.
Ancien commandant des forces spéciales, Tigri est décrit par certains de ses pairs comme proche des modèles incarnés par les juntes sahéliennes.Parallèlement aux opérations armées, une intense guerre de l’information s’est déployée sur les réseaux sociaux.
Des messages annonçant la chute imminente du pouvoir ont été diffusés depuis l’étranger, parfois accompagnés de contenus trompeurs, dans le but de créer un effet d’entraînement et d’imposer l’idée d’un changement de régime déjà acté.
Le rôle de Kemi Seba et de Sabi Korogone, militants béninois proches de l’Alliance des États du Sahel (AES), illustre cette dimension hybride. Dès les premières heures du putsch, Kemi Seba a publié une vidéo saluant l’opération et affirmant que le camp du président Patrice Talon avait perdu le contrôle, alors même que la situation sur le terrain évoluait en sens inverse.
Face à ces agissements, la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a émis un mandat d’arrêt international par Interpol contre Kemi Seba et Sabi Korogone. Ce confirme l’émergence de stratégies de déstabilisation hybrides, où la propagande numérique, les relais d’influence et la maîtrise du récit public accompagnent, voire précèdent, les tentatives de prise de pouvoir.