Au-delà du pouvoir politique, la tentative de coup d’État avortée dimanche 7 décembre dernier, met en lumière des enjeux économiques et logistiques importants , au premier rang desquels figure le transit de l’uranium nigérien.
L’accès au port autonome de Cotonou apparaît comme l’objectif central pour les pays enclavés de l’Alliance des États du Sahel (AES), en particulier le Niger. Infrastructure clé du commerce régional, le port de Cotonou constitue donc des décennies un débouché vital pour l’économie nigérienne.
Depuis le renversement du président Mohamed Bazoum en juillet 2023 et la dégradation des relations diplomatiques entre Niamey et Cotonou, la frontière commune est toutefois fermée, interrompant les échanges et pénalisant durablement les économies locales, notamment dans les zones frontalières de Malanville et Gaya.
Selon plusieurs sources concordantes, un changement de régime à Cotonou aurait permis une réouverture rapide, au moins symbolique, de la frontière, facilitant le transit de marchandises stratégiques. Parmi elles figurent les 1 000 tonnes de yellow cake produites dans l’ancienne mine d’Arlit et récemment vendues par le Niger au groupe nucléaire russe Rosatom.
Or, un acheminement par le Bénin aurait offert une route plus courte, plus directe et surtout plus sûre que l’itinéraire envisagé vers le port de Lomé, au Togo, qui traverse des zones du Burkina Faso marquées par une insécurité persistante liée aux groupes djihadistes.
Le choix du corridor d’exportation de l’uranium revêt ainsi une dimension à la fois économique, sécuritaire et géopolitique. La tentative de coup d’État avortée apparaît dès lors comme un épisode d’une lutte plus large pour le contrôle des routes d’exportation des ressources en Afrique de l’Ouest.
Par ailleurs, avec les alliances régionales des régimes sahéliens avec la Russie, le port de Cotonou s’impose la voie naturelle la moins coûteuse.