Fiction historique au Nigeria, drame social en Tunisie, polar au Cameroun, documentaire sur le deuil en Égypte… Le 78e Festival de Cannes donne une visibilité exceptionnelle à la création cinématographique africaine. Tour d’horizon des six œuvres à suivre.
1. « Promis le ciel », d’Erige Sehiri (Tunisie)
Présenté dans la section Un Certain Regard, ce film met en scène trois femmes – une pasteure, une mère en exil et une étudiante – réunies par le destin dans une maison-refuge. Leur quotidien bascule lorsqu’elles accueillent Kenza, une fillette rescapée d’un naufrage. Erige Sehiri livre un récit profondément humain, traversé par les thèmes de l’exil, de la solidarité féminine et de l’enfance en errance. Un drame poignant, qui interroge la responsabilité collective face à la détresse migratoire.
2. « My Father’s Shadow », d’Akinola Davies Jr. (Nigeria)
Pour la première fois, un film nigérian entre en sélection officielle. My Father’s Shadow explore l’élection présidentielle de 1993, marquée par de fortes tensions politiques. À travers l’histoire de deux frères, le réalisateur livre un récit à la fois intime et politique, où les dynamiques familiales croisent les bouleversements d’une nation. Une œuvre ambitieuse qui signe une entrée remarquée du Nigeria dans le grand théâtre cannois.
3. « Aisha Can’t Fly Away », de Morad Mostafa (Égypte)
Dans ce long-métrage à forte charge sociale, Morad Mostafa suit Aisha, une aide-soignante somalienne installée au Caire. Victime de pressions dans un quartier précaire et communautarisé, elle est confrontée à des choix douloureux pour survivre. Présenté lui aussi dans Un Certain Regard, le film s’inscrit dans une veine réaliste et politique, offrant un regard rare et non-occidental sur les violences faites aux migrants africains.
4. « Indomptables », de Thomas Ngijol (Cameroun)
Connu pour son humour, Thomas Ngijol surprend avec ce polar noir, sélectionné à la Quinzaine des Cinéastes. Indomptables suit l’enquête du commissaire Billong sur un meurtre à Yaoundé, dans une atmosphère de tension et de corruption. Inspiré de faits réels, le film séduit par sa maîtrise narrative et la performance de Ngijol, également à l’écran. Un tournant de carrière prometteur pour le cinéaste camerounais.
5. « L’mina », de Randa Maroufi (Maroc)
Ce court-métrage de 26 minutes, projeté à la Semaine de la Critique, plonge dans l’univers des mines de charbon clandestines de Jerada. Réalisé en étroite collaboration avec les habitants, L’mina brouille les frontières entre fiction et documentaire. Randa Maroufi signe un film d’une grande force visuelle et sociale, qui donne voix à des oubliés du progrès.
6. « La Vie après Siham », de Namir Abdel Messeeh (Égypte)
Sélectionné par l’ACID, ce documentaire intime suit le processus de deuil du réalisateur lui-même après la perte brutale de sa mère. La Vie après Siham mêle souvenirs personnels et mémoire collective, offrant une méditation sensible sur l’absence, l’identité et la transmission. Une œuvre sobre et émouvante, qui se distingue par sa sincérité.
Laisser un commentaire