Après une bataille de 15 ans, l’université de Harvard a accepté de transférer des daguerréotypes vieux de 175 ans – parmi les plus anciennes images connues de personnes réduites en esclavage – à un musée dédié à l’histoire afro-américaine en Caroline du Sud.Ces photographies du XIXe siècle représentent Renty et sa fille Delia, deux esclaves originaires de Caroline du Sud, identifiés par Tamara Lanier comme ses ancêtres directs.
Connus sous les noms de « Papa Renty » et Delia, ils avaient été photographiés sans consentement en 1850 à la demande du biologiste de Harvard Louis Agassiz, figure influente du racisme scientifique de l’époque.Les daguerréotypes seront transférés du musée Peabody de Harvard au Musée international afro-américain de Caroline du Sud, où les deux sujets avaient été réduits en esclavage.
Tamara Lanier, qui s’est battue pendant plus d’une décennie pour obtenir la restitution des images, a salué une « victoire pour les réparations » :
« Ces biens volés, ces images prises sans dignité ni consentement vont maintenant être rapatriés dans un foyer où leurs histoires pourront être racontées et leur humanité restaurée. »À ses côtés mercredi se tenait Susanna Moore, descendante directe de Louis Agassiz, qui a qualifié ces daguerréotypes de « projet profondément raciste ». Ensemble, elles ont incarné un moment de réconciliation historique autour de la mémoire de l’esclavage.
Un long combat judiciaire
En 2019, Tamara Lanier avait porté plainte contre Harvard, l’accusant de détenir illégalement ces images et de les exploiter à des fins académiques et commerciales, notamment en exigeant des droits de reproduction élevés. Elle affirmait que ces portraits avaient été pris dans un contexte de contrainte et de déshumanisation, dans le but de démontrer des théories raciales aujourd’hui discréditées.
En 2021, la Cour suprême du Massachusetts a reconnu que les droits de propriété revenaient au photographe et non aux personnes photographiées. Cependant, la justice a autorisé Tamara Lanier à poursuivre Harvard pour détresse émotionnelle, soulignant que l’université ne pouvait dissocier ses obligations actuelles de ses abus passés. Dans un communiqué, Harvard a déclaré avoir « longtemps souhaité transférer ces images vers une institution publique plus appropriée », même si l’université précise ne pas avoir formellement confirmé la filiation entre Tamara Lanier et les sujets photographiés.
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