Le Nigeria est une nouvelle fois endeuillé après une attaque sanglante survenue le week-end dernier dans la communauté rurale de Yelewata, au centre-nord du pays. Le bilan humain ne cesse de s’alourdir : au moins 150 personnes ont été tuées, selon des survivants et des sources locales. De nombreuses victimes seraient encore ensevelies sous les décombres des maisons incendiées.
Les faits se sont produits dans la nuit de vendredi à samedi, lorsque des hommes armés non identifiés, soupçonnés d’être des bergers peuls, ont fait irruption dans cette communauté de l’État de Benue. « Ils ont tiré pendant près de cinq heures », témoigne Matthew Nlan, rescapé du massacre.
D’après lui, les assaillants ont d’abord essuyé une résistance de la police locale, avant de se replier vers le marché de Yelewata, où ils ont exécuté froidement des dizaines de civils réfugiés.« Ils ont brûlé des gens vivants dans des magasins. Certains d’entre eux abritaient plus de 50 personnes. Tous ont péri dans les flammes. » Matthew Nlan, témoin oculaire.
Un vieux conflit
Bien que l’attaque n’ait pas encore été revendiquée, elle s’inscrit dans une série d’affrontements sanglants entre éleveurs et agriculteurs. Le conflit, enraciné dans des différends fonciers, s’est intensifié ces dernières années avec la prolifération des armes dans les zones rurales. Les agriculteurs accusent les éleveurs, en majorité d’ethnie peule, de détruire leurs récoltes en faisant paître leur bétail sur des terres cultivées. Les éleveurs, quant à eux, affirment exercer leur droit sur des routes de transhumance garanties par la loi depuis 1965. L’inspecteur général de la police nigériane, Kayode Egbetokun, a condamné l’attaque avec fermeté, la qualifiant d’« attaque contre la nation entière ».
« Les habitants de cette communauté ne sont pas seuls. Toutes les communautés nigérianes sont avec eux. Un jour viendra où ces bandits ne reviendront plus jamais. »
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