Le divorce est désormais acté entre le Niger et le géant français du nucléaire Orano. Jeudi 20 juin, le gouvernement militaire nigérien a officiellement retiré à Orano le permis d’exploitation de l’un des plus grands gisements d’uranium au monde : Imouraren, situé dans le nord du pays. Une décision attendue, après un ultimatum lancé en mars dernier par le ministère des Mines, exigeant la reprise des activités dans un délai de trois mois.Imouraren, avec ses 200 000 tonnes d’uranium estimées fait l’objet d’un grand appétit de la part des occidentaux .
Initialement prévue en 2015, l’exploitation avait été suspendue après la chute des cours de l’uranium à la suite de la catastrophe de Fukushima en 2011. Depuis, le projet n’a jamais vraiment redémarré, malgré plusieurs mises en demeure adressées à Orano, notamment en 2022.Longtemps partenaire privilégié de la France dans la région, le Niger tourne désormais résolument le dos à Paris. Le pays cherche à nouer de nouveaux partenariats avec des puissances comme la Russie, la Chine ou l’Iran.
Plusieurs entreprises étrangères australiennes, canadiennes, indiennes, russes ou chinoises détiennent déjà des permis de prospection ou d’exploitation sur le sol nigérien.La Société des mines d’Azelik (Somina), majoritairement contrôlée par des capitaux chinois, s’apprête à reprendre ses activités d’extraction dans la même région.e. Le retrait d’Orano marque la fin d’une ère où la France jouissait d’un accès privilégié aux ressources du Niger, ancien pilier de sa stratégie énergétique.
1 300 tonnes de concentré d’uranium déjà extraites bloquées
Ce n’est pas seulement Imouraren qui est concerné. La Société des mines de l’Aïr (Somaïr), autre filiale stratégique d’Orano au Niger, a été récemment nationalisée, comme l’a annoncé la télévision publique nigérienne. Le groupe français ne dispose désormais plus d’aucun levier opérationnel dans le pays.
Orano a réagi en lançant des procédures d’arbitrage international. L’entreprise réclame notamment le droit d’exporter 1 300 tonnes de concentré d’uranium déjà extraites, estimées à environ 250 millions d’euros. Or, le Niger maintient fermée sa frontière avec le Bénin, bloquant tout accès au port de Cotonou. Malgré cet important revers, , le gouvernement français se veut rassurant. Le ministère de l’Économie a indiqué que « la sécurité d’approvisionnement [en uranium] n’est pas menacée ». Le gisement d’Imouraren n’était pas encore exploité, et d’autres sources, notamment au Kazakhstan ou au Canada, permettent à la France et à l’Europe de sécuriser leur besoins.
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