Vingt personnes ont perdu la vie dans la nuit de mardi à mercredi, lorsqu’un camion transportant de l’aide alimentaire s’est renversé sur une foule de civils à Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza. Des dizaines d’autres ont été blessées.Selon la Défense civile de Gaza, le drame s’est produit alors que des centaines de personnes affamées attendaient désespérément une distribution de vivres.
Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile, a indiqué à l’AFP que le camion aurait été contraint d’emprunter « des routes dangereuses, auparavant bombardées » et en très mauvais état, sur ordre de l’armée israélienne.Le gouvernement de Gaza, sous l’autorité du Hamas, accuse Israël d’entraver délibérément le passage sécurisé de l’aide humanitaire. « Malgré la récente autorisation limitée de quelques camions, l’occupant impose des itinéraires surchargés de civils affamés, ce qui mène à des scènes de chaos », dénonce un communiqué publié ce mercredi matin.
Le même communiqué parle d’un « comportement délibéré et criminel », pointant les conséquences de cette politique : des foules désespérées, prêtes à tout pour se procurer un peu de nourriture. « Cela se solde souvent par des bousculades, des pillages, voire des drames comme celui de cette nuit », ajoute le texte.
Sur le terrain, les ONG tirent la sonnette d’alarme. Caroline Willemen, responsable de Médecins sans frontières (MSF) à Gaza, a décrit une situation « dévastatrice ». Depuis mai, le nombre de patients suivis pour malnutrition par MSF a été multiplié par quatre. Selon les données collectées en juillet, 25 % des enfants de 6 mois à 5 ans, ainsi que des femmes enceintes ou allaitantes, sont en état de malnutrition.
La faim comme arme
La bande de Gaza reste soumise à un blocus humanitaire strict, assoupli partiellement à la fin du mois de mai. Mais l’ONU estime que les livraisons autorisées sont très insuffisantes pour répondre aux besoins de plus de deux millions de Palestiniens vivant dans un territoire exigu de 365 km². L’organisation internationale alerte sur le risque d’une « famine généralisée ».
Depuis le 27 mai, au moins 1.373 Palestiniens auraient été tués alors qu’ils cherchaient à se nourrir, selon les chiffres de l’ONU.Face à cette crise humanitaire d’une ampleur dramatique, MSF appelle à un changement de cap immédiat : « La crise de la faim à Gaza ne sera pas résolue par des distributions d’aide contrôlées par l’armée. Il faut rétablir une réponse humanitaire dirigée par l’ONU, fondée sur des principes de neutralité et de sécurité pour les civils », a insisté la coordinatrice de l’organisation.
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