La publication des conclusions préliminaires de l’audit du fichier électoral, mené par des experts internationaux, a été saluée par l’opposition comme « un pas vers plus de transparence ». Mais cette reconnaissance s’accompagne aussitôt d’un discours alarmiste, entre dénonciation des failles et mise en doute de la fiabilité du processus. Une posture qui interroge, tant elle semble relever davantage d’une stratégie politique que d’une volonté sincère d’améliorer le système électoral.
D’ailleurs, Chabi Yayi, Secrétaire aux relations extérieures du parti Les Démocrates, n’a pas hésité à affirmer que ce rapport « confirme certaines de nos peurs ». Il évoque notamment la présence de 300 000 personnes décédées encore inscrites sur le registre électoral, un chiffre qui, selon lui, prouverait l’ampleur des dysfonctionnements. Mais cette lecture sélective et anxiogène du rapport soulève plusieurs questions.
D’abord, il faut rappeler que ces chiffres s’expliquent en grande partie par les carences de l’état civil, une problématique bien connue et ancienne. Le rapport ne remet pas en cause l’intégrité globale du fichier, mais pointe des insuffisances structurelles – notamment le manque de remontée des actes de décès par les communes et les familles.
Or, sur ce point, l’opposition reste étonnamment silencieuse quant à sa propre part de responsabilité, notamment au niveau local.Ensuite, l’opposition dénonce l’existence de centres de vote sans électeurs, des erreurs d’affectation ou encore la complexité des procédures d’enrôlement. Ces constats sont réels, mais ils sont aussi précisément ce que l’audit vise à corriger.
Pourquoi alors les transformer en arguments à charge contre le processus lui-même, au lieu de les utiliser comme point de départ pour une amélioration concertée ? Enfin, en insistant sur l’attente du rapport final pour « approfondir l’analyse », certains laissent entendre que, quel que soit le contenu, le doute sera toujours de mise. Une telle posture installe une défiance permanente, qui fragilise la légitimité des institutions au lieu de la renforcer. L’audit n’est pas une arme politique, mais un outil technique.
Il doit servir à construire la confiance, non à l’instrumentaliser.L’opposition a parfaitement le droit et même le devoir d’être vigilante. Mais encore faut-il que cette vigilance ne glisse pas dans une stratégie de décrédibilisation systématique. La démocratie se construit avec des critiques, certes, mais surtout avec de la bonne foi, du dialogue et une volonté partagée de progresser. Saluer l’audit, c’est bien. S’en servir loyalement pour faire avancer le processus électoral, c’est mieux.
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