Signé en 2008 et renégocié en 2024, le contrat minier entre la RDC et la Chine promet des investissements colossaux en échange de l’exploitation des richesses minières. Pourtant, les doutes persistent quant à l’équité du partenariat et aux retombées réelles pour la population congolaise.
Le contrat qualifié de « contrat du siècle » entre la République démocratique du Congo (RDC) et un consortium d’entreprises chinoises continue de faire couler beaucoup d’encre. Signé en 2008 sous la présidence de Joseph Kabila, puis renégocié en mars 2024 par l’actuel président Félix Tshisekedi, cet accord prévoit l’exploitation de minerais stratégiques congolais notamment le cuivre et le cobalt en échange de la construction d’infrastructures.Initialement chiffré à 9 milliards de dollars, le projet avait été réduit à 6 milliards sous la pression du Fonds monétaire international (FMI), inquiet d’un risque de surendettement pour la RDC.
Ce partenariat reposait sur un principe d’échange : les ressources minières contre des infrastructures telles que routes, hôpitaux ou écoles. En théorie, un modèle de développement « gagnant-gagnant ».Mais en 2024, une étude menée par l’Inspection générale des finances (IGF) a jeté un froid : le rapport dénonçait un déséquilibre financier flagrant en faveur des partenaires chinois. Selon ce document, les engagements chinois en matière d’infrastructures ont été bien en deçà des bénéfices retirés de l’exploitation minière.
Cette révélation a poussé le gouvernement à renégocier l’accord.Désormais, la version révisée du contrat prévoit un minimum de 324 millions de dollars par an consacrés aux infrastructures.
« À qui profite réellement ce contrat »
Pourtant, plusieurs organisations de la société civile et des voix critiques au sein de la population restent sceptiques. Elles dénoncent un manque de transparence dans la gestion des fonds, une mauvaise qualité des infrastructures livrées, et une répartition inégale des retombées économiques. Beaucoup s’interrogent : à qui profite réellement ce contrat ? À la population congolaise ou à un petit cercle d’élites et aux intérêts étrangers ?
Alors que le cobalt et le cuivre extraits du sol congolais sont devenus essentiels dans la transition énergétique mondiale notamment pour les batteries de voitures électriques la RDC peine encore à tirer pleinement profit de cette richesse.Au-delà des chiffres, ce contrat illustre les défis majeurs auxquels fait face la RDC : transformer ses ressources naturelles en leviers de développement durable, tout en évitant les pièges d’une dépendance économique et d’accords déséquilibrés.
L’avenir de ce partenariat sino-congolais dépendra de la capacité des autorités à garantir une meilleure gouvernance, à renforcer les mécanismes de contrôle et à assurer que les retombées de ces milliards bénéficient réellement à la population.Un contrat en or ? Peut-être. Mais pour l’instant, nombreux sont ceux qui redoutent qu’il ne soit qu’un marché de dupes.
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