La déclaration du coordonnateur Michel François Oloutoyé Sodjinou, publiée jeudi 16 octobre 2025, met à nu les fractures internes du parti d’opposition “Les Démocrates”. Au cœur du malaise : la gouvernance jugée autoritaire de Boni Yayi et la contestation du processus de désignation du candidat à la présidentielle de 2026.
Dans un parti où la parole est souvent verrouillée, la sortie publique de Michel François Oloutoyé Sodjinou, coordonnateur de la 19ᵉ circonscription électorale, sonne comme un acte de rupture. Dans une déclaration dense et sans détour, ce cadre de la première heure accuse la direction des Démocrates de dérive autoritaire, de régionalisme et d’opacité.“L’idéal a été asphyxié par un leadership d’un autre âge”, écrit-il, visant directement l’ancien président Boni Yayi, chef moral du parti.
L’homme ne parle pas sous l’effet de la colère, mais, dit-il, “par devoir envers la démocratie interne”.Une manière de rappeler que Les Démocrates étaient nés d’un espoir : celui d’offrir au peuple béninois une alternative crédible, un parti où chaque voix compte.Lors de sa création, Les Démocrates (LD) s’étaient imposés comme le principal pôle d’opposition au pouvoir de Patrice Talon. Emmené par Boni Yayi, le mouvement a rassemblé d’anciens militants FCBE et des acteurs de la société civile. Mais pour Sodjinou, le parti s’est progressivement éloigné de son idéal fondateur, reproduisant les travers de son ancêtre politique.
Retour du culte du chef
Le congrès de Parakou en 2023 aurait marqué un tournant : centralisation du pouvoir, exclusion de certains cadres, et montée d’un “discours régionaliste” jugé toxique. Les décisions se prennent désormais dans l’ombre, sans consultation, parfois contre la volonté des militants”, accuse-t-il. Ce témoignage fait écho à des murmures persistants au sein du parti : le retour d’un culte du chef et d’un mode de gestion pyramidal où le débat démocratique devient suspect.
Le cœur de la contestation porte sur la désignation du candidat du parti pour la présidentielle de 2026. Selon Sodjinou, les membres de la direction auraient exigé des députés qu’ils signent leurs fiches de parrainage “à blanc”, au nom de la discipline de groupe.Plus grave encore, il affirme que le choix de Renaud Agbodjo, jeune avocat pressenti comme candidat du parti, serait déjà acté “avant même la fin des travaux de la commission de désignation”.
Une “mise en scène”, selon lui, qui trahit les principes de transparence et de collégialité. Au fil de sa déclaration, Sodjinou esquisse un portrait critique mais mesuré de Boni Yayi.S’il reconnaît son rôle de bâtisseur et son charisme politique, il lui reproche d’avoir transformé Les Démocrates en instrument personnel.L’homme dénonce aussi la montée d’un discours qu’il qualifie de “dégoûtant” sur la nécessité “d’un candidat du Nord” une allusion directe aux clivages régionaux que le parti prétendait justement dépasser.
Boni Yayi, figure tutélaire ou verrou du parti ?
Au fil de sa déclaration, Sodjinou esquisse un portrait critique mais mesuré de Boni Yayi.S’il reconnaît son rôle de bâtisseur et son charisme politique, il lui reproche d’avoir transformé Les Démocrates en instrument personnel. Chaque nomination, chaque décision stratégique, chaque arbitrage porte sa marque”, écrit-il.L’ancien président, déjà critiqué pour sa gestion du FCBE avant 2016, se retrouve à nouveau au centre d’un débat sur le leadership personnel et la démocratie interne.Ce n’est pas la première fois que des cadres du parti dénoncent sa mainmise sur les structures, mais rarement un responsable en poste avait pris la parole aussi frontalement.
La sortie de Michel Sodjinou ne se réduit donc pas à une querelle interne.Elle met en lumière un malaise plus général dans l’opposition béninoise, encore marquée par les échecs électoraux successifs et la difficulté à renouveler ses pratiques politiques.
Laisser un commentaire