L’ambassade des États-Unis au Mali a recommandé, mardi, à ses ressortissants de “quitter immédiatement” le pays en raison de la dégradation rapide de la situation sécuritaire et de la pénurie de carburant qui paralyse le pays. Le Mali subit un blocus jihadiste depuis plusieurs semaines.
Dans un communiqué publié à Bamako, la mission diplomatique américaine indique que la pénurie de carburant, la fermeture des écoles et universités, ainsi que les combats persistants entre l’armée et des groupes terroristes autour de la capitale, rendent la situation “hautement imprévisible”. Les citoyens américains actuellement présents au Mali doivent quitter le pays immédiatement par des vols commerciaux”, précise le texte.
L’ambassade souligne toutefois que l’aéroport international de Bamako reste ouvert et que des vols commerciaux sont toujours disponibles. Elle invite ceux qui décideraient de rester à se préparer à toute urgence, notamment en identifiant des lieux où se réfugier en cas de détérioration soudaine de la sécurité.
Le blocus du carburant asphyxie le pays
Depuis septembre, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, mène des attaques répétées contre les camions-citernes de carburant venant du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, d’où provient l’essentiel des importations maliennes. Ce blocus est une représaille à la décision des autorités maliennes d’interdire la vente informelle de carburant en zone rurale — une mesure destinée à couper les circuits d’approvisionnement des groupes armés. Malgré les escortes militaires, plusieurs convois ont été attaqués ou incendiés, et des chauffeurs ainsi que des soldats ont été tués ou enlevés. À Bamako, les files d’attente s’allongent dans les stations-service et l’économie tourne au ralenti, frappant de plein fouet les transports et les activités commerciales.
Le JNIM cherche à isoler Bamako
Plongé dans l’instabilité depuis 2012, le Mali fait face à une crise multidimensionnelle : insécurité, isolement économique et tensions sociales. La junte au pouvoir, dirigée par le général Assimi Goïta, peine à enrayer la progression des groupes jihadistes. La semaine dernière, le chef de l’État a remanié la hiérarchie militaire, limogeant plusieurs officiers pour “insuffisance de résultats”.
Mais sur le terrain, la menace reste vive : le JNIM cherche désormais à isoler la capitale, en multipliant les attaques sur les routes d’accès et en imposant ses propres règles dans certaines zones rurales comme le port du voile obligatoire pour les femmes et la séparation des sexes dans les transports publics.Alors que le carburant se raréfie et que les prix flambent, le quotidien des Maliens devient de plus en plus difficile. Les files d’attente interminables, les transports à l’arrêt et la peur des attaques rythment désormais la vie dans la capitale.