La cour d’appel de Libreville a condamné, mercredi 12 novembre, Sylvia Bongo Valentin et son fils Noureddin Bongo à 20 ans de réclusion criminelle et à 100 millions de francs CFA d’amende (environ 152 000 euros) pour détournement de fonds publics et blanchiment de capitaux. La condamnation a été prononcée par contumace, les deux accusés étant en exil à Londres et ayant choisi de boycotter le procès, qu’ils jugent politique.
Le président de la cour criminelle spécialisée, Jean Mexant Essa Assoumou, a déclaré Sylvia Bongo coupable de recel, détournement de fonds publics, blanchiment de capitaux, usurpation de fonds et instigation au faux. Noureddin Bongo a été reconnu coupable de détournement de deniers publics, concussion, usurpation de titres et fonctions, blanchiment aggravé de capitaux et association de malfaiteurs.
Le procureur général Eddy Minang a dénoncé un « duo mère-fils qui a travesti le pouvoir présidentiel » après l’accident vasculaire cérébral du président Ali Bongo en 2018, accusant Sylvia et Noureddin Bongo de s’être enrichis aux dépens de l’État. Selon lui, Sylvia Bongo aurait reçu 16 milliards de francs CFA pour ses besoins personnels et aurait acquis des jets privés et de nombreuses propriétés à l’étranger.
En plus de la peine de prison et de l’amende, la cour a ordonné à Noureddin Bongo de verser 1 201 milliards de francs CFA (environ 1,8 milliard d’euros) pour le préjudice financier subi par l’État, ainsi que 1 000 milliards de francs CFA pour préjudice moral. Tous leurs avoirs – comptes bancaires, hôtels particuliers, actifs pétroliers et miniers, et plus de cinquante entreprises pourraient également être confisqués au profit de l’État. Les auditions des coaccusés et témoins ont décrit un système de captation de l’argent public au profit d’intérêts privés.
L’ancien assistant personnel de Sylvia Bongo, Kim Oum, a évoqué des dépenses somptuaires pour bijoux, vêtements et œuvres d’art, ainsi que le financement direct de la campagne présidentielle de 2023. D’autres témoins ont confirmé l’existence de patrimoine considérable détenu à l’étranger et de transferts financiers clandestins.
Réactions des accusés
Sylvia et Noureddin Bongo ont qualifié le procès de « procès spectacle », dénonçant des accusations sans preuves et des témoignages obtenus sous la contrainte. Dans un communiqué, Noureddin Bongo a affirmé que le verdict avait été prédéterminé et que la procédure judiciaire était instrumentalisée par la présidence gabonaise actuelle.
Rappelons qu’après le coup d’État du 30 août 2023, Sylvia et Noureddin Bongo avaient été arrêtés et emprisonnés pendant 20 mois avant d’obtenir une liberté provisoire et de quitter le pays pour Londres. Dix anciens collaborateurs des Bongo sont toujours jugés jusqu’au 14 novembre pour des délits similaires. Selon le président de la cour, cette décision vise à restaurer la justice et non à venger l’État, dénonçant une gabegie institutionnalisée et la confusion entre les finances publiques et privées sous l’ère Bongo.
En encadré : Ce que coûtent les malversations des Bongo
Sylvia et Noureddin Bongo ont été condamnés à 20 ans de prison chacun, avec une amende de 100 millions de francs CFA (environ 152 000 euros). Noureddin Bongo doit verser 1 201 milliards de francs CFA (1,8 milliard d’euros) au titre du préjudice financier et 1 000 milliards de francs CFA pour préjudice moral.
Selon les accusations, Sylvia Bongo aurait perçu 16 milliards de francs CFA pour ses besoins personnels, et la campagne présidentielle de 2023 aurait été financée à hauteur de 80 milliards de francs CFA. Le duo Bongo possédait également plus de cinquante entreprises, des actifs immobiliers, pétroliers et miniers, ainsi que des propriétés à l’étranger.