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Francis Kpatindé décrypte le chaos en Guinée-Bissau : Tout indique que l’opposant était en passe de gagner

La Guinée-Bissau s’est enfoncée dans l’incertitude après une intervention militaire survenue seulement trois jours après la présidentielle. Le président sortant Umaro Sissoco Embaló affirme avoir été renversé, tandis que l’opposition crie au « faux putsch » destiné à empêcher la proclamation de la victoire de son candidat, Fernando Dias.

Pour Francis Kpatindé, spécialiste de l’Afrique de l’Ouest et maître de conférences à Sciences Po Paris, cette crise porte la marque d’un système politique à bout de souffle.

Putsch réel ou coup monté ? Deux scénarios possibles

Sur France 24, Embaló assure avoir été victime d’un renversement militaire. Mais le PAIGC, principal parti d’opposition, accuse le président d’avoir orchestré lui-même cette opération pour éviter une défaite électorale.
« À qui profite le putsch ? À Umaro Sissoco Embaló, il ne faut pas l’exclure », analyse Francis Kpatindé. Selon lui, si le chef de l’État a simulé un renversement, ce serait pour éviter d’admettre une défaite face à un opposant jusque-là peu médiatisé, mais soutenu par un parti historique.
Une hypothèse risquée, rappelle-t-il : « Il est rare que des militaires putschistes se dessaisissent du pouvoir au profit d’un autre. »

L’armée a-t-elle agi seule ? Une seconde hypothèse crédible

Pour Kpatindé, l’autre scénario reste tout aussi plausible : un véritable coup d’État initié par une partie de l’état-major.« Il ne faut pas exclure qu’une faction militaire ait voulu anticiper des troubles et se saisir du pouvoir. »

Un choix qui serait difficilement compatible avec une manipulation du président, lui-même ancien général, conscient qu’un putsch militaire ne lui restituerait jamais le pouvoir.Le contexte électoral apparaît comme un élément clé de la crise.

Selon des ONG et des organisations régionales, les résultats intermédiaires plaçaient clairement Fernando Dias en tête. « Tout indiquait que l’opposant était en passe de l’emporter dès le premier tour », souligne Kpatindé.
Les deux dernières régions électorales, dont les résultats étaient attendus mercredi matin, devaient confirmer ou non cette tendance.

Leur publication a précédé de quelques heures l’intervention militaire.

Arrestations et frontières fermées : les signaux d’un coup d’État durable
Selon plusieurs sources proches du service lusophone de RFI, Fernando Dias et Domingos Simões Pereira, figure du PAIGC, auraient été arrêtés par des militaires.
Pour Kpatindé, ces interpellations ne laissent guère de doute : « Suspendre une élection en cours et fermer les frontières, ce sont les attributs d’un coup d’État. Je ne crois pas que ce pouvoir militaire soit là pour un bref moment. »

Une nouvelle crise qui affaiblit l’Afrique de l’Ouest

Après le Mali, le Burkina Faso, le Niger ou la Guinée, la Guinée-Bissau s’ajoute à la longue liste des pays bouleversés par des putschs.
« La démocratie ouest-africaine est clairement en péril », avertit Kpatindé. Instabilité politique, risques économiques et possibilités d’expansion jihadiste dans des États fragilisés : les conséquences pourraient être profondes et durables.

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