La disparition du père Deusdedit Ssekabira, un prêtre catholique du diocèse de Masaka, suscite inquiétude et émoi en Ouganda, alors que le pays se prépare à une élection présidentielle tendue.
Le 3 décembre, le père Ssekabira a été enlevé depuis son bureau par des hommes en uniforme de l’armée ougandaise, selon sa paroisse. Pendant près de deux semaines, aucune autorité ne reconnaît sa détention. La police locale, contactée, déclare n’avoir reçu aucune plainte formelle concernant sa disparition.
Ce n’est que dimanche dernier que l’armée ougandaise (UPDF) met fin au silence. Dans un communiqué, elle confirme que le prêtre est détenu « légalement » dans le cadre « d’enquêtes criminelles en cours » et sera présenté devant la justice, sans préciser la nature exacte des accusations.
Pour l’opposant Robert Kyagulanyi, connu sous le nom de Bobi Wine, il s’agit d’une nouvelle disparition forcée. « Plusieurs de mes partisans ont été arrêtés ou ont disparu ces derniers mois. Ces pratiques tendent à devenir la norme à l’approche de l’élection », dénonce-t-il.
L’analyste Livingstone Ssewanyana souligne la portée politique de l’arrestation : selon lui, le terme vague d’« activités subversives » pourrait viser le soutien au parti d’opposition National Unity Platform, et intimider d’autres voix critiques, y compris au sein de l’Église catholique.
Au sein du diocèse de Masaka, l’émotion est palpable. Dans un communiqué, l’institution évoque « une blessure grave infligée au diocèse et à l’ensemble de l’Église ». L’évêque, Mgr Serverus Jjumba, explique attendre de voir le père Ssekabira « physiquement » avant de se réjouir et souhaite obtenir des clarifications directes sur les accusations portées contre lui.
Il rappelle qu’un précédent enlèvement de prêtre en 1976 reste encore douloureusement présent dans la mémoire diocésaine.