La dénonciation publique du milliardaire Aliko Dangote contre le régulateur pétrolier nigérian a provoqué un séisme au sommet de l’État. Accusé de corruption et de sabotage économique, le directeur de l’Autorité de régulation du secteur pétrolier en aval a démissionné dans la foulée. En toile de fond, un bras de fer autour de la méga-raffinerie Dangote et de la souveraineté énergétique du Nigéria.
Au Nigéria, une dénonciation publique peu commune a provoqué un véritable séisme au sommet du secteur pétrolier. L’industriel Aliko Dangote, homme le plus riche d’Afrique, a obtenu la démission du directeur de l’Autorité nigériane de régulation du secteur pétrolier en aval, Farouk Ahmed, à la suite d’accusations graves de corruption et de sabotage économique.
Le bras de fer s’est joué loin des réseaux sociaux. Dangote a choisi une voie plus classique mais redoutablement efficace : une page entière dans le quotidien The Nation, l’un des journaux les plus influents du pays et réputé proche du pouvoir. À travers cette publication, le milliardaire affirme être victime de pressions et d’entraves systématiques à ses activités industrielles.
Dans ce texte, il accuse Farouk Ahmed d’avoir détourné près de 5 millions de dollars, notamment pour financer la scolarité de ses enfants à l’étranger. Des accusations que l’ancien régulateur n’a pas publiquement réfutées à ce stade.
Le choix du support n’est pas anodin. The Nation appartient au président de la République Bola Ahmed Tinubu, ce qui a été interprété par de nombreux observateurs comme une volonté de Dangote de saisir directement le chef de l’État, en contournant les canaux institutionnels traditionnels.
Quelques heures après la publication de cette dénonciation, Farouk Ahmed a présenté sa démission, le mercredi 17 décembre 2025, plongeant le secteur pétrolier nigérian dans une nouvelle zone de turbulences. Les autorités n’ont pas encore indiqué si une enquête judiciaire formelle serait ouverte, mais l’affaire suscite une vive réaction dans l’opinion publique.
La raffinerie Dangote au cœur du conflit
Derrière cet affrontement personnel se cache un enjeu économique stratégique majeur. Le conflit trouve son origine dans la mise en service progressive de la méga-raffinerie Dangote, présentée comme un pilier de la souveraineté énergétique nigériane. Ce projet colossal vise à :
réduire la dépendance du pays aux importations de produits pétroliers,
raffiner localement le pétrole brut nigérian, stimuler l’industrialisation et la création de valeur ajoutée sur le territoire.
Selon Aliko Dangote, malgré ces objectifs, le régulateur pétrolier aurait continué à autoriser massivement l’importation de diesel, d’essence et de kérosène, affaiblissant artificiellement la demande pour le raffinage local et compromettant la rentabilité de sa raffinerie. Dans sa sortie publique, l’industriel accuse Farouk Ahmed de :
sabotage économique,
frein volontaire à l’industrialisation du Nigéria,
favoriser les importations au détriment de la production locale.