Géraldine Faladé, figure emblématique du journalisme et du féminisme africain, s’est éteinte le 16 février 2025 à l’âge de 90 ans, laissant derrière elle un héritage profond et durable. Née en 1935 à Porto-Novo, au Bénin, dans une famille intellectuelle et militante, elle a su allier son engagement pour l’émancipation des femmes et son amour du journalisme, devenant l’une des premières voix féminines de la décolonisation et de la lutte pour les droits des femmes en Afrique.
Formée au journalisme à Paris, Géraldine Faladé commence sa carrière dans les années 1950, d’abord en tant que collaboratrice du magazine La Vie africaine. Elle se distingue rapidement par sa rigueur professionnelle et son engagement pour l’Afrique. Elle rejoint ensuite l’Office de coopération radiophonique (Ocora), ancêtre de Radio France Internationale (RFI), où elle s’illustre dans la couverture d’événements historiques majeurs comme l’assassinat de Patrice Lumumba en 1961 et le massacre des Algériens à Paris la même année.
Mais son influence ne s’est pas limitée au journalisme. Installée au Tchad, où elle travaille au ministère de l’Information, Géraldine Faladé participe à la modernisation de la presse tchadienne et à l’essor de la communication dans un pays en pleine mutation. Cependant, son engagement politique et social ne lui permet pas de rester indifférente à la guerre civile de 1979, qui l’oblige à l’exil. Géraldine choisit alors de partager sa vie entre Cotonou et Paris, où elle continue à écrire et à s’engager.
En 2020, elle publie Turbulentes !, un ouvrage dans lequel elle rend hommage aux pionnières du féminisme africain, dévoilant les histoires de femmes souvent oubliées mais cruciales dans la construction de l’Afrique moderne. Ce livre illustre son rôle de passeuse de mémoire et de témoin engagé des luttes féministes. Géraldine Faladé n’a jamais cessé de revendiquer une place pour les femmes dans l’histoire de l’Afrique.
En plus de ses écrits sur la condition féminine, elle a publié un recueil de contes, Regards et paroles du soir, qui témoigne de son intérêt pour la culture et les traditions africaines, en particulier les récits transmis de génération en génération. Ces récits ont été collectés sur les conseils de sa sœur, Solange, et sont un hommage aux voix souvent oubliées des sociétés africaines.
Fille de Maximilien Faladé, un érudit et fonctionnaire critique de la colonisation, Géraldine grandit dans une atmosphère propice à la réflexion et à l’action politique. Son père, cofondateur du journal La Voix du Dahomey, a instillé en elle un désir profond de justice sociale. Sa sœur, Solange Faladé, deviendra une des premières psychanalystes africaines et un modèle de réussite académique et militante.
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