Après des mois de silence diplomatique et un retrait militaire inédit, les États-Unis signent leur retour sur la scène nigérienne par un geste hautement symbolique : la présentation officielle, le 13 mai, des lettres de créance de l’ambassadrice Kathleen FitzGibbon au président de la transition, Abdourahamane Tiani.Derrière cette scène protocolaire se joue une reconfiguration stratégique majeure : l’Amérique n’est plus dans le Sahel en uniforme, mais en costume diplomatique.
La rupture de l’accord de défense par les autorités nigériennes, en mars 2024, a marqué la fin de plus d’une décennie de présence militaire directe sur le sol nigérien, au moment même où les régimes militaires de Niamey, Bamako et Ouagadougou rejetaient une à une les alliances traditionnelles.Pourtant, les États-Unis n’ont jamais réellement quitté le terrain. Washington a quitté les bases, mais pas les relations. À travers la voix de sa nouvelle ambassadrice, le message est clair : il s’agit de rétablir une influence autrement, sans bottes ni bases, mais par la diplomatie, le commerce et la coopération institutionnelle.
Russie, Chine …..
« Le Niger demeure un partenaire dans la stabilité régionale et la lutte contre le terrorisme », a insisté Mme FitzGibbon. Une déclaration qui sonne comme une main tendue après une phase de recul stratégique. Ce repositionnement passe par une diplomatie d’influence : développement économique, appui institutionnel, renforcement des liens culturels et sécuritaires non militaires.Pour les États-Unis, le Niger conserve une valeur géostratégique évidente.
Car si la présence physique des troupes a pris fin, la compétition pour l’influence, elle, s’intensifie. La Russie, très présente dans la rhétorique des régimes de transition, multiplie les signes d’alliance. Pékin, plus discret, avance ses pions par les investissements. Face à cela, Washington choisit une approche plus douce, mais ciblée.
Un tournant post-militaire ?
L’expérience sahélienne des Américains, amorcée en 2013, a été marquée par des opérations sensibles, dont celle de Tongo-Tongo en 2017, où quatre soldats américains ont trouvé la mort. Le départ de 2024 s’est fait dans un cadre de coopération, mais il a sonné comme un revers pour la puissance américaine, dans une région autrefois perçue comme un bastion de la lutte antiterroriste internationale.
Aujourd’hui, la diplomatie américaine semble accepter un nouveau paradigme : moins d’intervention, plus d’influence. C’est aussi une réponse à l’évolution des perceptions africaines — où les ingérences militaires sont de plus en plus rejetées, au profit de relations fondées sur la souveraineté et les intérêts réciproques.
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