177 ans après l’abolition de l’esclavage, la France va enfin abroger le Code noir
Une page de l’histoire s’apprête enfin à être tournée. Mardi 13 mai 2025, à l’Assemblée nationale, le Premier ministre François Bayrou a annoncé qu’un texte de loi visant à abroger formellement le Code noir sera prochainement soumis au Parlement.
Cette ordonnance royale, édictée en 1685 sous Louis XIV, légiférait l’esclavage dans les colonies françaises et réduisait les personnes noires au rang de biens meubles.« Je prends l’engagement, au nom du gouvernement, qu’un texte actant l’abolition du Code noir sera présenté au Parlement et, je l’espère, voté à l’unanimité », a affirmé le chef du gouvernement, en réponse au député Laurent Panifous (Tarn), qui avait souligné que le Code noir, bien que caduc dans les faits, n’a jamais été formellement abrogé depuis sa création.La déclaration du Premier ministre a créé la surprise. François Bayrou a reconnu ignorer cette lacune juridique :
« Grâce à votre question, je découvre cette réalité que j’ignorais absolument, comme probablement beaucoup autour de nous. »
Il a rappelé que le Code noir avait bien été aboli pendant la Révolution, mais rétabli ensuite par Napoléon avant l’abolition définitive de l’esclavage en 1848. « Si le Code noir n’a pas été abrogé alors, il faut qu’il le soit aujourd’hui. Il en va d’un choix de réhabilitation historique, de réconciliation de la République avec elle-même. »Cette annonce intervient trois jours après la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions, célébrée le 10 mai.
À cette occasion, le Premier ministre avait déjà appelé à ne pas détourner les yeux de cette « histoire terrible et monstrueuse » :
« Environ quatre millions de femmes, d’hommes et d’enfants ont connu l’esclavage dans les colonies françaises entre 1625 et 1848. »L’abrogation formelle du Code noir, bien qu’essentiellement symbolique, marquerait une reconnaissance officielle de l’horreur légalisée qu’a représentée l’esclavage dans l’histoire de France. Elle pourrait aussi contribuer à répondre à une attente mémorielle de longue date de la part des descendants d’esclaves et des territoires ultramarins
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