Une fragile accalmie règne sur Tripoli après trois jours d’intenses combats entre forces gouvernementales et groupes armés puissants. L’ONU et plusieurs chancelleries étrangères expriment une profonde inquiétude face à une situation explosive qui menace de replonger la capitale libyenne dans le chaos.Tout a commencé lundi soir, au cœur de la capitale libyenne, avec l’annonce de la mort d’Abdelghani “Gheniwa” el-Kikli, chef du groupe armé SSA (Autorité de soutien à la stabilité).
Cette figure redoutée de la sécurité parallèle à Tripoli aurait été tuée dans une embuscade tendue dans une caserne contrôlée par la Brigade 444, fidèle au gouvernement d’Abdelhamid Dbeibah. Une mort que ses partisans qualifient de « trahison », et qui a immédiatement déclenché une flambée de violence.Les combats entre les troupes gouvernementales et les membres du SSA ont duré jusqu’à mardi, causant la mort d’au moins six personnes, selon un bilan officiel encore provisoire.
Le quartier d’Abou Salim, bastion du SSA, a été particulièrement touché.En réaction, le Premier ministre Dbeibah a annoncé la dissolution de plusieurs organes sécuritaires, dont le groupe salafiste Radaa (Force de dissuasion), déclenchant une nouvelle vague d’affrontements avec la Brigade 444. Une décision qui divise : si certains y voient une tentative de reprise en main, d’autres dénoncent une manœuvre risquée qui pourrait provoquer une guerre civile ouverte.
Radaa, bien qu’accusée de gérer des prisons illégales, jouit d’un certain respect en tant que force de lutte contre la drogue et le terrorisme. Dans son fief de Souq el-Joumaa, plus de 500 personnes ont manifesté contre la dissolution, criant leur opposition au Premier ministre.
Une situation explosive et incertaine
Jeudi, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) s’est dite « alarmée » par l’escalade des violences, craignant un « déplacement massif » de civils. L’ONU, via sa mission en Libye (Manul), appelle au retour immédiat des groupes armés dans leurs casernes, soulignant le risque d’une « situation incontrôlable ».Plusieurs ambassades étrangères, dont celles des États-Unis, de l’Union européenne et de la Turquie, ont exprimé leur préoccupation. Ankara a annoncé qu’elle préparait l’évacuation de ses ressortissants. ans ce contexte incertain, la Cour pénale internationale a confirmé que la Libye reconnaissait sa compétence pour juger d’éventuels crimes de guerre commis entre 2011 et 2027. Un signal fort, mais encore symbolique dans un pays déchiré par des années d’impunité et de conflits fratricides.
L’avenir de Dbeibah en jeu
Face à ces bouleversements, l’avenir politique du Premier ministre Abdelhamid Dbeibah apparaît de plus en plus fragile. « Moins sûr de rester au pouvoir qu’il y a une semaine », selon les experts, il semble vouloir mettre fin à l’anarchie sécuritaire à Tripoli, quitte à attiser les tensions.
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