À Genève, ce 13 août 2025, les négociations patinent. L’UE, l’Afrique et les pays insulaires affrontent l’opposition de l’Arabie saoudite, des États-Unis et de l’Inde, hostiles à toute limite sur la production plastique.
À la veille de la conclusion attendue du tout premier traité mondial contre la pollution plastique, les 184 pays réunis aux Nations Unies peinent toujours à trouver un terrain d’entente. Après neuf jours de discussions intenses et tendues au Palais des Nations, les négociations piétinent, menaçant le processus initié il y a plus de deux ans d’un échec cuisant. « Les négociateurs sont au bord du gouffre », alerte une déléguée présente à Genève.
Le cœur du désaccord oppose un groupe de pays producteurs de pétrole Arabie saoudite, Russie, Iran, Koweït, Malaisie à une coalition qualifiée d’« ambitieuse » regroupant l’Union européenne, plusieurs pays d’Afrique, d’Amérique latine, du Pacifique, le Canada ou encore l’Australie.Les premiers refusent toute régulation de la production de plastique, estimant que le traité doit se limiter à la gestion des déchets.
Ils s’opposent aussi à l’interdiction de certaines molécules nocives, pourtant soutenue par la majorité des délégations et des ONG. « Le traité plastique, c’est le pétrole contre notre santé », résume Pamela Miller, coprésidente de l’ONG IPEN.Les négociations formelles, renforcées par des discussions « informelles-informelles » dans des villas autour du lac Léman, peinent à faire bouger les lignes.
Malgré cela, un diplomate africain confie à l’AFP : « Même s’il ne contient pas grand-chose, il y aura un traité jeudi. Nous n’avons pas travaillé trois ans pour repartir sans rien. »
L’urgence sanitaire et écologique
Les scientifiques tirent la sonnette d’alarme : les plastiques – notamment les microplastiques – sont omniprésents, dans l’eau, les sols, les océans et même dans le corps humain. Le rapport « The Lancet Countdown » estime que la pollution plastique cause chaque année des maladies, des décès et plus de 1.500 milliards de dollars de pertes économiques.
« Il ne faut pas sous-estimer l’ampleur de cette crise », avertit le Dr Philip Landrigan du Boston College. Selon l’OCDE, si rien n’est fait, la consommation de plastique pourrait tripler d’ici 2060, alors que moins de 10 % des déchets sont aujourd’hui recyclés.Près de 70 ministres sont attendus à Genève dans les heures à venir pour tenter de débloquer la situation.
Un point d’étape est prévu ce soir à 19h lors d’une séance plénière. Reste à savoir si la communauté internationale parviendra à s’accorder sur un traité qui pourrait devenir un jalon historique… ou un rendez-vous manqué de plus face à la crise environnementale.
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