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Togo, du père au fils : Un coup d’État déguisé en réforme constitutionnelle ?

Lomé – Faure Gnassingbé, héritier d’une dynastie au pouvoir depuis plus de cinquante ans, a prêté serment le 6 mai 2024 en tant que président du Conseil des ministres, marquant l’officialisation d’une réforme constitutionnelle qui modifie en profondeur le système politique du Togo. Succédant à son père, Eyadéma Gnassingbé, qui a dirigé le pays pendant près de 38 ans, Faure consolide son pouvoir dans un contexte de protestations et d’accusations de manipulation constitutionnelle.

La réforme constitutionnelle bouleverse le fonctionnement du pays en supprimant l’élection présidentielle au suffrage universel direct et en confiant au président du Conseil des ministres le rôle de chef de l’exécutif. Faure Gnassingbé, désormais en poste à ce titre, demeure le principal acteur politique du pays après la victoire écrasante de son parti, l’Union pour la République (Unir), lors des élections législatives et sénatoriales d’avril 2024.

Avec 108 sièges sur 113 à l’Assemblée nationale et 34 sièges sur 41 au Sénat, son contrôle sur les institutions est total.Avec la nouvelle Constitution, Faure Gnassingbé semble avoir renforcé son emprise sur le pays pour les six prochaines années. La suppression du poste de président de la République et la concentration du pouvoir entre ses mains posent des questions sur l’avenir démocratique du Togo. Tandis que les protestations se multiplient, l’opposition peine à trouver une réponse efficace à ce renforcement autoritaire, alimentant l’incertitude quant à l’avenir politique du pays.

Une réforme controversée

L’adoption de la nouvelle Constitution en avril 2024 a immédiatement provoqué un tollé parmi l’opposition et la société civile. Les critiques dénoncent un « coup d’État institutionnel », accusant le pouvoir de Faure Gnassingbé d’utiliser une réforme légale pour verrouiller le contrôle du pays et éliminer toute forme d’alternance démocratique. Nathaniel Olympio, porte-parole du Front « Touche pas à ma Constitution », a déploré que cette prestation de serment marque « le dernier acte du viol orchestré de la conscience de chaque Togolais ».

Il considère la réforme comme une tentative de « fin du régime » qui sera, selon lui, « inéluctable ».Malgré la large majorité acquise par le parti au pouvoir, l’opposition, bien que marginalisée, continue de contester les changements. Les élections municipales prévues pour le 10 juillet 2024 constitueront un test pour les forces d’opposition, qui ont annoncé qu’elles participeront malgré leur rejet des réformes en cours. Le boycott des élections sénatoriales et législatives par l’opposition témoigne de son désaveu, mais aussi de l’incapacité de cette dernière à s’imposer face à un pouvoir fermement ancré.

Dans une démonstration de force, les forces armées ont exprimé leur « allégeance » à Faure Gnassingbé, affirmant leur soutien à sa nouvelle position. Des milliers de partisans se sont rassemblés devant le Conseil constitutionnel, brandissant des pancartes de soutien avec des slogans comme « Tous pour un Togo fort, nous sommes Faure » et « Le Togo est fort avec Faure ». Ces scènes illustrent la solidité de la position de Faure, mais elles soulignent aussi le climat de division et de tensions croissantes au sein de la population.

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