Renversé par un putsch militaire le 26 novembre, l’ancien président bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló a d’abord trouvé refuge au Sénégal avant d’être transféré, dès le lendemain, au Congo-Brazzaville, où il se trouve toujours sous protection des autorités congolaises. Son départ précipité illustre la fragilité d’une crise politique qui continue de secouer la sous-région.
Quelques heures après l’annonce du coup d’État par l’armée, Embaló a été arrêté à son bureau au palais présidentiel. Face à la montée des tensions à Bissau, le Sénégal a rapidement dépêché un avion gouvernemental pour exfiltrer le chef de l’État déchu. Arrivé à Dakar le 27 novembre, il avait été déclaré « sain et sauf » par les autorités sénégalaises.
Mais ce séjour n’a duré que quelques heures. Selon plusieurs sources régionales, Dakar a jugé que la présence d’Embaló sur son territoire pouvait créer un risque diplomatique et sécuritaire supplémentaire, alors que la situation restait volatile en Guinée-Bissau.
Dans la nuit du 28 au 29 novembre, l’ancien président a donc quitté le Sénégal pour Brazzaville. Le gouvernement congolais a confirmé son arrivée et indiqué que l’ex-chef d’État résiderait temporairement sur son territoire, sous protection officielle. Aucune précision n’a filtré sur les modalités de ce séjour ni sur sa durée.
Une crise politique loin d’être résolue
Pendant ce temps, à Bissau, les militaires ont installé le général Horta N’Tam à la tête d’une transition d’un an, dissous les institutions et formé un gouvernement comprenant plusieurs officiers à des postes clés. Les résultats de l’élection présidentielle — qui devaient être annoncés le jour du putsch — n’ont toujours pas été publiés.
La Cédéao, qui s’apprête à dépêcher une mission de haut niveau, exige la publication immédiate des résultats, la libération des responsables politiques arrêtés et un retour rapide à l’ordre constitutionnel. L’organisation régionale affirme être prête à prendre « toutes les mesures nécessaires ».
Un exil qui pose question
L’installation d’Embaló à Brazzaville soulève plusieurs interrogations : bénéficie-t-il de garanties politiques ? Peut-il jouer un rôle dans la sortie de crise ? Doit-on s’attendre à un exil durable ou à un repositionnement stratégique ?
Pour l’heure, c’est dans le silence que l’ancien président suit l’évolution d’un pays plongé dans l’une des plus graves crises institutionnelles de son histoire récente.