Dix jours après la tentative de coup d’État déjouée du 7 décembre 2025, le président Patrice Talon est sorti de son silence. Devant la presse, il a condamné fermement les mutins, salué la loyauté des Forces armées béninoises, mis en lumière l’appui décisif de la Cedeao et assumé sans détour la récente révision constitutionnelle.
Patrice Talon n’a pas mâché ses mots en évoquant la tentative de putsch qu’il qualifie d’acte criminel perpétré par des « crapules » infiltrées dans les rangs de l’armée. Pour le chef de l’État, le Bénin a définitivement tourné la page des coups d’État. « Se réjouir d’un putsch est condamnable, car on ne peut pas applaudir publiquement un crime », a-t-il déclaré, tout en se félicitant de la maturité du pays qui a su éviter le chaos.
Le président a tenu à dissocier l’institution militaire des actes des mutins, précisant que la Garde nationale n’est pas à l’origine de l’attaque. Selon lui, la réaction rapide et républicaine du commandement militaire témoigne de la solidité des Forces armées béninoises (FAB). Des renforts venus des casernes de Dessa et de Ouidah ont rapidement mis en déroute les putschistes, contraints de se replier vers la caserne de Togbin.
Dans ce camp accueillant des militaires en formation, certains éléments initialement mobilisés se sont ravisés après avoir compris la nature réelle du projet. Patrice Talon a salué cette loyauté et l’allégeance spontanée de l’armée à l’État. Le chef des mutins, Pascal Tigri, a tenté en vain d’obtenir le ralliement du commandement militaire avant de prendre la fuite. Pour éviter des pertes civiles dans une zone densément peuplée, le président a ordonné de ne pas engager de poursuites immédiates. Des mandats d’arrêt ont depuis été délivrés.
Appui de la Cedeao, deux frappes ont suffi
Le chef de l’État a également souligné le rôle déterminant de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), notamment du Nigeria. Faute de moyens aériens adaptés pour des frappes ciblées, le Bénin a sollicité l’appui nigérian. « Deux frappes ont suffi » pour neutraliser les positions des mutins, avant l’arrivée de troupes terrestres nigérianes en renfort.
Sur le plan politique, Patrice Talon a rejeté toute lecture politicienne de cette tentative de déstabilisation. « Je ne fais aucune lecture politique. Je fais une lecture sociologique », a-t-il insisté, assurant que de tels événements ne se reproduiront plus.
Enfin, le président a assumé pleinement la révision constitutionnelle adoptée le 14 novembre. Il reconnaît avoir participé à sa rédaction et défend les principales innovations, notamment la trêve politique, qu’il présente comme un simple encadrement des périodes électorales.
Il a également justifié la création du Sénat, conçu comme un organe de sages chargé d’apaiser la vie politique, ainsi que l’instauration du septennat, qu’il estime plus adapté au temps long de l’action publique et du développement.