Le dollar a plongé ce jeudi, enregistrant une chute de plus de 2,6 % face à l’euro après l’annonce choc de Donald Trump sur une nouvelle escalade de la guerre commerciale. Ce mouvement de la devise américaine, le plus marqué depuis 2015, a pris de court les investisseurs, et inquiète les analystes sur les répercussions économiques à venir.
Selon l’agence Bloomberg, la dévaluation du dollar n’avait pas été aussi sévère depuis près de huit ans. À 11H15 GMT (13H15 à Paris), la devise américaine s’échangeait à 1,1055 dollar pour un euro, soit une baisse de 1,82 %, après avoir atteint un plus bas depuis septembre 2024 à 1,1144 dollar. La chute n’a pas épargné d’autres monnaies majeures : le dollar perdait également 1,13 % contre la livre, tombant à 1,3156 dollar, et 1,76 % face au yen, à 146,65 yens pour un dollar.
Les investisseurs semblent anticiper une réduction significative de la croissance économique des États-Unis, conséquence directe des mesures commerciales de Trump. Selon Ricardo Evangelista, analyste chez ActivTrades, « l’affaiblissement du dollar suggère que les marchés perçoivent un risque plus grand de ralentissement économique pour les États-Unis, ce qui pourrait inciter la Réserve fédérale à réduire ses taux d’intérêt de manière plus marquée que prévu. » Un tel abaissement des taux rendrait le dollar moins attractif pour les investisseurs, qui pourraient alors se tourner vers d’autres devises jugées plus sûres, notamment l’euro.
D’un autre côté, les anticipations d’une relance économique en Europe pourraient contribuer à soutenir la monnaie unique. L’effondrement du dollar survient dans un contexte particulièrement tendu : Donald Trump a annoncé une série de nouvelles taxes douanières, élargissant le champ de son offensive protectionniste. Ces mesures comprennent un droit de douane additionnel de 10 % sur toutes les importations et des augmentations ciblées pour certains pays jugés particulièrement hostiles en matière commerciale.
Par exemple, l’Union Européenne sera désormais soumise à des taxes de 20 % sur ses produits, tandis que le Japon et la Suisse se verront appliquer des droits de 24 % et 31 %, respectivement.Mais c’est la Chine qui subit le plus fort impact : les taxes à l’importation seront portées à 34 %, s’ajoutant aux 20 % déjà imposés sur les produits chinois. Une telle pression sur la Chine devrait nuire à sa croissance économique, ce qui explique la légère remontée du dollar contre le yuan, en gagnant 0,37 % pour s’établir à 7,2952 yuans pour un dollar.
Les répercussions sur l’économie américaine
Les analystes estiment que les mesures commerciales de Trump, bien qu’elles puissent répondre à des enjeux politiques internes, risquent de déstabiliser l’économie américaine à court et moyen terme. L’économiste Stephen Innes, de SPI AM, avertit que « sans compensation budgétaire, comme une baisse d’impôts ou des relances significatives, l’économie américaine pourrait absorber ce choc sans amortisseur ». Les effets négatifs sur les importations, qui deviendront plus chères, devraient également affecter la consommation américaine, moteur essentiel de la croissance.
Une telle situation pourrait pousser la Réserve fédérale à abaisser ses taux d’intérêt pour soutenir l’économie, tout en tenant compte que l’impact des droits de douane sur l’inflation serait probablement temporaire et partiellement compensé par un ralentissement économique marqué.Dans ce climat d’incertitude croissante, l’or a vu son prix flamber, atteignant un nouveau sommet dans la nuit de mercredi à jeudi à 3 167,84 dollars l’once, avant de se stabiliser légèrement en journée.
Les investisseurs, cherchant à se protéger contre les risques économiques, ont ainsi massivement investi dans le métal précieux, considéré comme une valeur refuge en période de turbulences financières mondiales.Au-delà de l’impact sur les grandes économies, la guerre commerciale de Trump a également provoqué une onde de choc dans les territoires ultramarins français. Ceux-ci ont été spécifiquement visés par des droits de douane différenciés, bien supérieurs à ceux appliqués à l’Hexagone et à l’Union Européenne.
Par exemple, Saint-Pierre-et-Miquelon verra ses produits taxés à 50 %, tandis que la Réunion sera soumise à un taux de 37 %. D’autres territoires, comme la Guadeloupe et la Martinique, seront taxés à hauteur de 10 %.
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