Les récentes déclarations de Donald Trump sur un supposé afflux massif de migrants congolais vers les États-Unis ont provoqué une vague d’indignation en République Démocratique du Congo (RDC). Lors d’une rencontre avec la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le président américain a affirmé que « beaucoup, beaucoup de gens viennent du Congo », sans apporter de précisions sur le contexte ou les données à l’appui.
À Kinshasa, la réaction ne s’est pas fait attendre. Pour de nombreux habitants, ces propos relèvent d’une méconnaissance flagrante de la réalité congolaise et véhiculent une image stéréotypée d’un pays souvent réduit à la guerre et à la misère. « La RDC est un pays riche, pas un désert de pauvreté, » insiste Jonathan Bawolo, un résident de la capitale. « Nous vivons dans un pays de paix, de culture et d’hospitalité.
Ce genre de déclaration montre à quel point certains dirigeants étrangers ignorent notre quotidien. »La République Démocratique du Congo fait partie des États les plus riches du monde en ressources naturelles. Ses réserves de cobalt, de cuivre et de lithium sont stratégiques pour les industries technologiques et énergétiques du XXIe siècle. Pourtant, ces richesses peinent à se traduire en développement concret pour la population, en raison notamment de problèmes de gouvernance, de corruption et d’instabilité dans certaines régions.
Mais pour les Congolais, cette réalité ne doit pas occulter le potentiel du pays. « Nous avons tout ici : des ressources, une biodiversité exceptionnelle, une culture vibrante. Ce n’est pas un pays que l’on fuit par millions, comme certains voudraient le faire croire », affirme Casimir Mutombo, réparateur de motos. Il évoque avec fierté les éléphants, okapis et lions que l’on peut encore observer dans les parcs nationaux, symbole d’une nature préservée et d’un tourisme à développer.
Les propos de Trump contrastent fortement avec la posture actuelle de Washington. Ces dernières années, les États-Unis ont renforcé leur coopération économique avec la RDC, notamment dans le secteur minier. En 2022, le secrétaire d’État Antony Blinken s’était rendu à Kinshasa pour discuter de la sécurisation des chaînes d’approvisionnement en minéraux critiques.
En mars 2025, le département d’État américain a ouvert la voie à un partenariat avec le secteur privé congolais dans ce domaine.Une contradiction qui n’échappe pas à Jonas Bofulu, commerçant dans la capitale : « Les États-Unis viennent investir ici, parce qu’ils savent que nous avons ce que le monde cherche. Mais pendant ce temps, certains de leurs leaders nous présentent comme des migrants indésirables. C’est un double discours. »
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