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Trump en pape : Le sacré au service de l’égo personnel

À peine quelques jours avant le conclave destiné à élire le successeur du pape François, Donald Trump a jugé opportun de publier sur Truth Social une image de lui-même habillé en souverain pontife. L’image — manifestement générée par intelligence artificielle — le montre vêtu de la soutane blanche, coiffé de la mitre, assis tel un monarque sacré, le regard fermé et l’index levé vers le ciel. Aucun mot n’accompagne cette scène surréaliste.

Et pourtant, tout est dit.Ce geste n’est pas anodin. Il ne s’agit ni d’une simple provocation ni d’un trait d’humour. Il s’agit d’une opération de communication soigneusement calibrée, symptomatique d’une dérive inquiétante : celle d’un homme politique qui s’emploie à transformer la politique en religion, et lui-même en figure messianique. Qu’un président américain — réélu après un mandat tumultueux et des années de fractures institutionnelles — se mette en scène comme successeur du pape, c’est d’abord un pied-de-nez à l’ordre, aux symboles, à la décence.

C’est aussi une récupération cynique d’un événement spirituel majeur. Le conclave, processus sacré et millénaire, devient ici toile de fond pour une nouvelle provocation populiste. Trump ne respecte rien, sinon l’effet de surprise et la capacité à faire parler de lui. Et il y parvient : médias, réseaux sociaux, commentateurs, tous tombent dans le piège tendu.

Ce n’est pas nouveau !

Il faut dire que ce n’est pas la première fois que Donald Trump joue avec les codes du religieux. Son mandat précédent regorgeait déjà d’images le montrant brandissant la Bible devant une église, s’entourant de figures évangéliques, ou invoquant Dieu dans ses discours avec un opportunisme flagrant. Cette fois, il franchit un seuil nouveau : il ne se contente plus d’instrumentaliser la foi — il s’en approprie la figure ultime.Le message est clair : rien ne lui est interdit. Ni le pouvoir politique, ni le pouvoir symbolique.

Il se rêve pape, non pour incarner une foi, mais pour incarner toute autorité — spirituelle, morale, universelle. Le geste est d’autant plus choquant qu’il survient dans un contexte tendu : François, décédé à Pâques, avait critiqué avec force la politique migratoire de Trump. Son successeur pourrait réorienter l’Église vers un conservatisme plus aligné avec certaines franges de l’électorat trumpiste. Le timing de cette publication n’est pas un hasard.

Au fond, Trump ne cherche pas à être pape. Il cherche à être au-dessus de tout. Sa photo en habits pontificaux n’est pas un gag, c’est un manifeste. Celui d’une époque où l’impudeur politique, dopée par les outils numériques et l’IA, avale tout sur son passage, y compris ce qu’il reste de sacré.

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